Conscient du danger encouru, surtout par les femmes, l’ONU a pris une décision radicale en adoptant un texte qui vise à sanctionner toute forme de violence ou de harcèlement subis sur les lieux de travail. Cette convention représente un espoir pour des millions de travailleurs oppressés qui gardent le silence.
Une protection universelle pour tous les travailleurs, qu’importe leur statut contractuel, tel est l’objet de ce tout premier traité adopté par l’OIT lors de sa réunion annuelle qui s’est tenue en juin. Fini le harcèlement au travail, ce nouveau texte prévoit des sanctions à la hauteur des agissements.
Un traité historique
Le traité signé le 21 juin 2019 à Genève restera dans les mémoires. En effet, à l’issu de deux semaines de débats et de discussions intensives sur le sujet, et surtout après avoir reconnu que les femmes sont souvent victimes de harcèlement au travail, l’Organisation internationale du travail a adopté le tout premier traité de l’histoire contre la violence et le harcèlement en milieu professionnel. “Imaginez un monde du travail, exempt de violence et de harcèlement”, explique Rakesh Patry, le président de la commission, lors de l’adoption du texte devant les délégués. Cette branche de l’ONU, ayant récemment fêté ses 100 ans d’existence, a créé un “moment historique”, reconnaît Jean-Jacques Elmiger qui a dirigé les débats.
Des années de combat
En réalité, le processus visant à adopter ce texte avait été lancé en 2015 par l’OIT sans aucune concrétisation. Ce n’est qu’en 2017, au lendemain de l’apparition du mouvement #MeToo, que les choses se sont accélérées, prenant progressivement forme tel que l’a expliqué Guy Ryder, directeur général de l’OIT. Cette campagne avait été engendrée par la chute de Harvey Weinstein, un célèbre producteur de cinéma poursuivi pour des actes de violence et de harcèlement sexuel sur des actrices telles qu’Angelina Jolie ou encore Ashley Judd. Ces formes de violences avaient atteint un point où le monde ne pouvait plus les tolérer. Finalement, l’OIT a eu la bonne réaction en adoptant une convention contraignante pour éliminer ce type de comportement à l’échelle mondiale. À noter que le parlement français avait adopté une loi contre les violences sexistes et sexuelles.
Le domaine d’application du nouveau texte
Concrètement, cette convention prévoit des sanctions sévères pour toutes violences en lien avec le monde du travail. De ce fait, que ce soit dans des espaces publics ou privés, tant qu’il s’agit d’un lieu de travail, mais aussi durant le trajet domicile-travail et les communications virtuelles, les travailleurs bénéficieront de la protection de cette législation de l’OIT. Par ailleurs, cette dernière entrera en vigueur lorsque deux des 187 pays membres de l’OIT l’auront ratifiée. Ces pays devront adapter leur politique de façon à sensibiliser le monde du travail à l’interdiction de la violence et du harcèlement, mais aussi mettre en place des sanctions appropriées. Enfin, le sexisme, mauvais pour la santé mentale des femmes, sera puni comme il se doit.