Les maladies humaines sont nombreuses au point où il n’est pas toujours évident d’en déceler la véritable nature. C’est notamment le cas pour des pathologies qui présentent des symptômes similaires pouvant induire les diagnostics en erreur. La cyclothymie en est le parfait exemple. Cette maladie neurobiologique tombe dans le spectre des troubles de l’humeur. Bien qu’apparentée à la bipolarité en différents points, la cyclothymie constitue toutefois un cas à part. Elle est souvent mal diagnostiquée, à cause de ses zones d’ombre.
Bien qu’elle concerne près de 6% de la population, la cyclothymie n’en est pas moins mystérieuse au cœur même du système médical où son diagnostic est souvent faussé. Focus.
Un trouble de l’humeur méconnu
Par simple définition, la cyclothymie est une pathologie psychique caractérisée par des humeurs changeantes selon les émotions expérimentées. Elle ressemble en tout point aux troubles bipolaires, dont elle se différencie pourtant par la fréquence, très récurrente, de ses cycles d’instabilité. Dans le système médical, tant la cyclothymie est mal connue, même des spécialistes, la pathologie est souvent réduite à tort à une phase atténuée de la bipolarité. Pourtant, les troubles cyclothymiques constituent un diagnostic à part. Certes, la maladie tombe dans le spectre des troubles de l’humeur et se classe dans la famille des troubles bipolaires. Pour autant, la manifestation de la cyclothymie, qui peut surgir dès l’enfance du patient (5-6 ans), s’en distingue par la surprenante rareté des épisodes d’accalmie. Chez la personne cyclothymique, les symptômes maniaques et dépressifs s’enchaînent rapidement et sans répit, sans schéma véritablement stable.
Des symptômes similaires d’apparence, mais différents
La cyclothymie, en tant que trouble de l’humeur chronique, se révèle particulièrement handicapante pour la vie professionnelle, sociale et familiale de la personne qui en souffre. La pathologie est source d’incessants ouragans émotionnels qui, mal diagnostiqués et donc mal traités, peuvent vite s’aggraver et endommager le cerveau. Contrairement aux troubles bipolaires, caractérisés par un enchaînement stable d’épisodes maniaques et dépressifs bien définis, la cyclothymie est moins évidente à décrypter. La pathologie neurobiologique affecte la capacité du cerveau à réguler les humeurs dépressives et hypomaniaques. Les deux manifestations de la maladie finissent par se mélanger irrégulièrement, passant tantôt de la fatigue, du pessimisme et des troubles du sommeil à l’hyperactivité et l’exaltation.
L’errance médicale des cyclothymiques
Bien qu’elle soit loin d’être rare comme le trouble de la narcolepsie, la cyclothymie demeure une maladie difficile à cerner. Il arrive que la pathologie, apparue à un âge précoce, passe complètement inaperçue sur les radars médicaux. Cette absence de diagnostic pertinent est majoritairement due à la similarité que partage la cyclothymie avec d’autres conditions psychiques. Ainsi, près de la moitié des cas sont traités comme un trouble obsessionnel compulsif (TOC), un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ou de la phobie sociale. En soi, la maladie bénéficie rarement d’un traitement convenable au premier diagnostic, d’où l’intérêt d’en sensibiliser le plus grand nombre.