Par souci pour l’économie actuellement en mauvaise posture, le gouvernement remet les principes du détenu travailleur à l’ordre du jour. Alors que de nombreuses entreprises peinent à étoffer leurs équipes pour se redresser dans le contexte de la crise économique, les détenus constituent, selon l'État, une bonne source de main-d’œuvre. Les ministères de la Justice et du Travail se sont ainsi alliés pour réintroduire le travail des détenus dans les prisons.
Pratique courante au début des années 2000, le travail en prison concernait, à cette époque, près de la moitié des détenus. Vingt ans plus tard, la situation s’est largement dégradée. Déterminés à remettre ce dispositif anti-récidive sur les rails, les ministres du Travail et de la Justice ont pris les devants pour simplifier la remise en marche de cette pratique. Décryptage.
Réintroduire l’importance des détenus travailleurs
En cette fin d’année 2021, les réformes gouvernementales s’enchaînent avec pour principale préoccupation la relance économique. Ainsi, après avoir annoncé le maintien du bonus écologique et de la prime à la conversion jusqu’en juillet 2022, l’État se tourne, cette fois-ci, vers les occupants des centres pénitentiaires. Au programme, une relance du travail en prison est prévue, une initiative née de la collaboration de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, et du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Dans cette optique, les deux ministères ont convié, le 2 décembre 2021, une bonne cinquantaine de dirigeants de grandes entreprises de renom à la prison de Muret. À travers cette visite officielle, le gouvernement a fait part de ses intentions de remettre à l’ordre du jour le travail en prison en veillant à détailler le dispositif et les avantages qu’il apporte aux entreprises présentes.
Un moyen privilégié de faciliter la réinsertion des détenus
Le déclin conséquent du travail en prison en l’espace de deux décennies a privé les occupants des centres pénitentiaires d’un tremplin majeur de réinsertion dans la société. Selon une étude de 2018 réalisée par l’Institut Montaigne, la pratique s’est estompée en raison de la nature peu valorisante des tâches confiées aux détenus dans ce cadre. Il s’agissait alors principalement d’activités obsolètes qui n’existent plus dans le marché du travail français. Cependant, le travail en prison a tout intérêt à reprendre du service. En effet, en plus de préparer les détenus à reprendre une activité professionnelle décente une fois leur peine purgée, ce dispositif réduit à 50% les risques de récidive.
Une décision avantageuse pour toutes les parties concernées
Si la relance du travail pénitentiaire va permettre de responsabiliser les détenus, mais surtout d’alléger le poids psychologique de leur peine de prison, cette initiative va également bénéficier aux entreprises. Durant la visite à la prison de Muret, la ministre du Travail a évoqué la difficulté de recrutement à laquelle nombre d’entreprises sont actuellement confrontées. Selon elle, il n’y a pas meilleur contexte pour remettre le travail pénitentiaire d’aplomb et ainsi ouvrir une nouvelle source potentielle de recrues. Sur le long terme, ce dispositif va également participer à la baisse du chômage national sur le marché du travail français.