Décidément, le dopage dans le milieu sportif ne concerne pas uniquement les professionnels en quête de victoires et de titres. Depuis 1980, les autorités sanitaires s’alarment de l’ampleur de ce phénomène chez les sportifs amateurs.
Si le dopage de sportifs de haut niveau est connu de tous, mais reste tabou, cette pratique touche aussi les amateurs. Zoom sur ce phénomène désormais considéré comme un problème de santé publique.
Des millions de personnes touchées par le dopage
D’après les chiffres avancés par le professeur Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Ires), près de 5% des sportifs amateurs issus des pays développés sont concernés par le dopage. Une autre étude menée en 2012 par l’Académie nationale de médecine table sur une proportion de 15%, soit près de 2 700 000 individus rien que dans l’Hexagone. Comme les professionnels, les sportifs amateurs chercheraient les moyens d’améliorer leurs performances. D’après le dernier rapport publié par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), les pratiquants de sports de combat comme le kick-boxing, la lutte et la boxe thaï seraient les plus touchés. Viennent ensuite les cyclistes, les coureurs et les footballeurs.
Des produits dangereux
Divers produits miracles sont proposés par les trafiquants et les revendeurs, notamment le clenbutérol permettant de maigrir tout en développant les muscles. L’EPO compte également de nombreux adeptes malgré son prix plus élevé. La formule la plus populaire consisterait à associer du tramadol avec de la caféine pour éviter de s’endormir. Pourtant, les sportifs utilisant ces produits sont pour la plupart obligés de prendre un somnifère pour bien dormir le soir. D’après les experts, les stéroïdes pris par les adeptes de la musculation pour perdre facilement de la masse graisseuse provoquent de nombreux effets secondaires comme la perte de libido, la poussée des seins ou l’atrophie des testicules.
Un business florissant
L’arrestation d’un dealer en mars dernier par l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) avec l’aide du GIGN a permis de mettre la main sur une grande quantité de produits dopants. 12 000 commandes ont été saisies avec une liste de 5 000 clients, dont de nombreux sportifs amateurs. L’enquête qui s’en est suivie a permis de savoir que l’individu importait les adjuvants de Chine et confectionnait ses produits dans un laboratoire localisé au sein d’un pays de l’Union européenne. D’après les enquêteurs, le dealer proposait 146 stéroïdes différents et réalisait jusqu’à 4 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.