Face au réchauffement climatique, Francis Hallé, biologiste et botaniste français de 82 ans, pense que la survie des générations à venir passerait par la création d’une vaste forêt primaire en Europe de l’Ouest. Ambitieux, voire légèrement utopique, le projet du spécialiste de plantes tropicales vise à mettre sur pied un espace vert immense, affranchi de toutes interventions humaines, où la nature et la biodiversité seraient libres de reprendre leur cours.
Il l’explique au détail près dans son dernier ouvrage, Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest : Manifeste, paru le 1er septembre 2021. Francis Hallé s’est mis en tête de recréer une forêt vierge géante, telle que la France n’en a plus vu depuis le milieu du XIXe siècle, pour redonner le pouvoir à la biodiversité. Cependant, ce projet ne pourra pas prendre forme du jour au lendemain. Zoom sur les détails.
Un rêve fou d’aujourd’hui, une réalité vitale de demain
Quelques années plus tôt, un projet sur l’implantation d’une future forêt dans le Grand Paris faisait écho. Cette fois-ci, l’idée prend une envergure nouvelle et surprend l’opinion publique par son ambition qui paraît presque irréalisable. Pour le salut des générations à venir, le botaniste Francis Hallé a fait part de son immense projet de faire renaître une dense forêt vierge dans l’Europe de l’Ouest. Celle-ci, à l’image de la toute dernière forêt primaire européenne de Bielowiezca, en Pologne, pourrait à la fois servir de nouveau berceau à la biodiversité, mais aussi de réservoir de CO2. En soi, il ne s’agit pas de reboiser n’importe quel espace défriché pour créer une nouvelle forêt de zéro, mais plutôt d’étendre une vieille forêt déjà existante pour la ramener à son état naturel.
À la recherche de la localisation idéale pour 70 000 ha de forêt
Peu importe l’angle sous lequel ce projet d’envergure est approché, sa réalisation demanderait plusieurs centaines d’années. Interrogé à ce propos, Francis Hallé affirme que la durabilité est justement ce qui séduit dans cette démarche. Il fait notamment référence aux siècles qu’exigeait par le passé la construction d’importants édifices, tels que les cathédrales et pyramides, que nous voyons encore sur pied à l’heure actuelle. Le botaniste insiste sur le caractère intergénérationnel de son projet qui, selon la localisation qui reste à définir, va certainement s’étendre sur cinq à six siècles. Le projet, porté par l’association Francis Hallé, bénéficie déjà du soutien de la Commission européenne, qui d’ailleurs a récemment ouvert une enquête sur la FDJ.
Vierge, sauvage et primaire, une forêt où l’Homme n’a pas sa place
Une forêt primaire de 70 000 ha, connectant les frontières d’au moins trois pays d’Europe de l’Ouest, telle sont les grandes lignes du projet de Francis Hallé. À l’instar de la méthode de permaculture, l’objectif est de laisser la nature reprendre ses droits dans ce vaste espace vert. Toutes interventions humaines, de la chasse aux abattements d’arbres, en passant par la simple cueillette, y seront proscrites. Les visites seront toutefois autorisées, mais monitorées de près pour écarter tous risques pouvant porter atteinte à la biodiversité. Reste alors à trouver l’emplacement idéal.