Harcèlement moral à l'adolescence : ses conséquences à l'âge adulte

Le harcèlement scolaire concerne les enfants comme les adolescents. Il se fonde notamment sur le rejet de la différence et peut entraîner la stigmatisation de l’individu. Selon le gouvernement, 700 600 élèves en sont encore victimes en France. Pourtant, ce phénomène a des conséquences notables à l’âge adulte.

Selon de nombreuses études, les enfants et les adolescents subissant des humiliations répétées deviennent des adultes fragilisés. De ce fait, ce phénomène d’ampleur mondiale ne doit pas être négligé. Le harcèlement moral en milieu scolaire peut par ailleurs venir des élèves ou des enseignants. Décryptage.

Un phénomène inquiétant

En général, personne n’est à l’abri des pressions, des critiques, voire des humiliations de ses camarades d’école. Les établissements primaires et secondaires sont les plus touchés par ce phénomène. À ce niveau, le risque de harcèlement est de 10 à 12% pour les écoliers contre 3,4% pour les lycéens. Selon le gouvernement, ces chiffres représentent en tout près de 700 600 élèves.

Le harcèlement scolaire est surtout connu pour menacer la santé mentale et physique des enfants. Cette situation peut notamment provoquer des troubles du sommeil, une dépression, un décrochage scolaire, le suicide, etc. Ainsi, le 5 novembre a été décrété journée mondiale de la lutte contre le harcèlement scolaire. Le phénomène fait par ailleurs partie des “violences éducatives ordinaires” contre lesquelles lutte la Fondation pour l’Enfance. L’organisme cherche à sensibiliser les parents comme les éducateurs sur la gravité de ce fléau sur les plus jeunes.

Conséquences du harcèlement à l’âge adulte

Professeure en travail social et spécialiste en thérapie familiale à l’Université de Syracuse (New York), la chercheuse américaine Ellen Walser DeLara a récemment mené des études sur l’impact du harcèlement scolaire sur le long terme. Elle a ainsi questionné 800 personnes âgées de 18 à 65 ans. Dans le cadre de ses travaux, elle a découvert un ensemble de symptômes récurrents et les a baptisés APBS pour “adult post-bullying syndrome”, soit “syndrome post-harcèlement à l’âge adulte”. Ces manifestations peuvent notamment être rapprochées du syndrome de stress post-traumatique ou PTSD (post-traumatic stress disorder) en raison de l’attitude “combat-fuite” qui apparaît naturellement face aux menaces.

Selon la professeure DeLara, plus d’un tiers des personnes victimes de harcèlement durant leur enfance sont atteintes de ce syndrome. Ils luttent en permanence avec leur estime de soi et ont beaucoup de mal à faire confiance aux autres. Par ailleurs, ils risquent de développer des comportements à risque (addictions, anorexie, suicide, etc.) et des problèmes psychiatriques. Toutefois, il s’agit encore d’une description du trouble et non d’un véritable diagnostic. Néanmoins, elle a ouvert la voie à de futures recherches sur le phénomène.