Réseaux sociaux et vie privée : Vero peut-il battre Facebook ?
Publié leCes dernières semaines, un « nouveau » réseau social fait parler de lui : Vero. Derrière ce nom, qui signifie « Vrai » en Italien, se trouve en réalité un réseau social existant depuis 2015 et disponible uniquement sur smartphone. Le cheval de bataille de cette application ? Son engagement à ne pas utiliser les données de ses membres. Une particularité qui distinguerait donc Vero de ses concurrents, Facebook en tête. Qu’en est-il réellement ? Vero est-il vraiment un espace de liberté et de partage, vierge de toute publicité ? Des informations dans cet article.
Depuis quelques jours, le nom de Vero bruisse sur le web : un nouveau réseau social qui souhaite se démarquer de ses concurrents – et au premier chef Facebook – en accordant, selon le site « plus d’attention aux nuances des vraies relations humaines ». Derrière ces belles paroles, une promesse : pas d’affichage de publicités dans le fil d’actualité et – surtout – l’engagement de la plateforme à ne pas utiliser ni divulguer les données personnelles de ses membres utilisateurs. Qu’en est-il réellement ?
Un « nouveau » réseau social fondé… en 2015 !
Derrière Vero, on retrouve trois hommes : le Jordanien Motaz Nabulsi, producteur de cinéma, l’Américain Scott Birbaum, spécialiste du web et entrepreneur et Ayman Hariri, le fils de Rafiq Hariri – l’ancien premier ministre libanais assassiné en 2005 –, mais aussi frère de l’actuel Premier ministre du pays du Cèdre. L’idée de créer Vero, selon M. Hariri, lui serait venue en raison de la « frustration » qu’il ressentait en utilisant les autres réseaux sociaux.
Lancé en 2015, le réseau social disponible uniquement sur smartphone (iOS et Android) n’a pas rencontré le succès escompté et comptait bien moins d’un million d’utilisateurs à l’automne 2017. À ce moment, une campagne marketing orchestrée de main de maître, impliquant le célèbre réalisateur Jack Snyder, a permis de faire le buzz, notamment sur Instagram. La promesse d’un compte Vero gratuit – le site a vocation à faire payer ses membres – pour le premier million d’utilisateurs enregistrés à fait le reste : en cette fin d’hiver, on ne parle (presque) plus que de Vero !
Plus libre, respectueux de la vie privée et vierge de publicité ?
Vero promet bien plus de liberté à celles et ceux qui souhaitent partager leur contenu. Vidéos, photos, bien sûr, mais également livres, séries, musique, liens ou même positions géographiques et discussions : les formats partageables sur Vero sont multiples et intéressants. Un plus par rapport à Twitter, Instagram et même Facebook sur le papier… Dans la réalité, c’est moins simple : victime de son succès, la plateforme est victime de nombreux plantages et il est actuellement difficile de partager du contenu. La situation devrait toutefois logiquement s’améliorer.
L’absence de publicité, sous forme de posts sponsorisés, est pour sa part justifiée par le caractère payant de Vero. Le souhait des fondateurs est en effet de privilégier les interactions entre membres et non de viser un but lucratif. Quant à l’engagement de ne pas utiliser les données personnelles de ses membres, tout n’est pas clair. Si le site déclare, dans son « Manifeste », son engagement à na « jamais exploiter » ces données, les conditions d’utilisation du site indiquent que des données sont bien collectées. Si ces données appartienent toujours à l’utilisateur, Vero se réserve le droit de les exploiter, sans limite de temps ni d’usage « sous quelque forme que ce soit, connue ou encore à développer ». Tout comme Facebook, Twitter ou Instagram, en somme !
Le nouveau venu peut-il détrôner le « roi » Facebook ?
Vero ne cache pas son intention de tailler des croupières au roi des réseaux sociaux, Facebook, en lui grignotant de précieuses parts de marché. Ce ne sera pas simple : si le temps d’utilisation de Facebook est en baisse (- 43% de temps passé sur Facebook en 2017 par rapport à 2016, selon une étude de novembre 2017), le réseau social reste largement N°1, avec plus de deux milliards d’utilisateurs actifs en 2018. La récente opération marketing organisée par Vero lui permettra sans doute de séduire de nouveaux membres, et l’avenir dira si l’usage de cette plateforme offre une expérience aussi fluide que ses concurrents. Reste que la mort de Facebook a été maintes fois annoncée et que de nouveaux arrivants ont régulièrement affiché leur ambition de remplacer le réseau social de Mark Zuckerberg. Sans succès jusqu’à présent…
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