Le blaireau, un animal qui (de nos jours) attire la sympathie
Robert Hainard, grand observateur de la chose naturelle, ne cachait pas sa prédilection pour cet attachant personnage. Des centaines d'heures d'observations, des crépuscules et des aubes entiers à l'affut devant les terriers lui font décrire avec délectation ses amis les taissons.
Extraits de Mammifères sauvages d'Europe - Delachaux et Niestlé 1987 :
Le blaireau fait penser à un petit ours par ses allures plantigrades, ou presque, son aspect lourdaud, joint à des mouvements souples et des réflexes rapides, ses bras puissants, ses fortes griffes. Il y a de l'analogie encore dans le régime et la dentition, dans le demi-sommeil hivernal, pendant lequel il met au monde des petits forts imparfaits.
la fondation Hainard
Le blaireau est un mustélidé qui sentirait plutôt bon
Il existe 25 genres et 66 espèces de mustélidés.
Le blaireau comme la fouine, la loutre, la belette, la civette le vison et bien d'autres est un mustélidé.
Cela signifie que c'est un mammifère carnivore qui possède une glande à musc. Le musc est un liquide à l'odeur nauséabonde et tenace qui sert à marquer le territoire. Contrairement à la mouffette ou skons, sa cousine d'Amérique, le blaireau a la bonne idée ne pas asperger d'un jet infecte ses adversaires, il se contente de laisser quand il est échauffé une senteur délicatement boisée...
Description du blaireau européen (meles meles)
Son aspect est celui d'un animal pataud et particulièrement puissant de sa partie postérieure.
Sa tête est effilée, avec des petites oreilles arrondies. La queue et les pattes sont courtes, les griffes, non rétractiles sont bien armées.
Les yeux sont petits et d'une couleur bleu mouillé aux yeux des vieux marins.
Comme le laisse supposer son nom de blaireau et aussi celui désuet de grisard, sa fourrure, qui et dense et rêche, alterne les zones de gris, de blanc et de noir et même de brun. La queue, les flancs et le dos sont gris. Les pattes et la partie inférieure du corps sont noires tirant parfois sur le brun. La tête est blanche rehaussée d'un masque caractéristique formé de deux bandes noires allant des yeux jusqu'aux oreilles.
Taille et poids
Longueur : entre 90 et 70 cm avec 15 cm pour la queue. Poids : entre 10 et 18 kg, pouvant aller jusqu'à 25 kg pour un gros mâle à l'entrée de l'hiver.
Le seul dimorphisme sexuel apparent est le poids, les mâles étant plus lourds que les femelles.
Carte d’identité du blaireau européen
Classe : mammifère
Ordre : carnivore
Famille : mustélidés
Espèce : meles-meles
Ethologie
Le blaireau est un animal nocturne qui commence à être actif au crépuscule. C'est le moment où on peut l'apercevoir à proximité du terrier. Pendant le reste de la nuit, il est occupé à sa billebaude.
La cellule familiale est stable. Mâle femelle et petits de l'année partagent le même terrier.
Les blaireaux sont des animaux très propres. Ils font leurs besoins dans des trous à l'extérieur du terrier. Ils ont la funeste habitude de creuser leur "pot" la veille pour s'en servir le lendemain, cette habitude, bien connue des piégeurs, est l'origine de beaucoup de captures.
La tanière est aussi périodiquement nettoyée, la litière souillée par les petits est remplacée par une nouvelle brassée d'herbes sèches et propres.
L'activité est réduite en hiver mais il n'y a pas d'hibernation au sens stricte de terme.
Alimentation
Des vers de terre et encore des vers de terre... Accompagnés quand l'occasion se présente de charogne, d'insectes, d'oeufs, d'escargots de champignons, de grenouilles et de fruits (les anciens lui reprochaient une nette prédilection pour les fruits de la vigne).
Reproduction
La parade qui a lieu entre janvier et octobre, est le seul moment, dit Robert Hainard, où le blaireau se fait entendre. Il cite une observation où le mâle émettait des jappements des gloussements et même des grésillements métalliques audibles à 100 m.
Après diverses et mutuelles attitudes de séduction, le mâle tourne plusieurs fois autour de la femelle, puis la saisit des dents à la nuque et l'accouplement à lieu pendant quelques secondes.
La gestation qui dure 60 jours, peut être différée pour la mise-bas ait toujours lieu de février à fin mars.
Les petits, au nombre de 2 à 3 naissent dans la tanière dans un lit d'herbes sèches. Ils ne pèsent que de 75 à 120 g (analogie avec les petits d'ours qui ne pèsent chez l'ours brun que de 300 à 400 gr pour atteindre des poids jusqu'à 100 fois supérieur à l'âge adulte).
Les petits sont allaités pendant 3 mois. Ils sortent du terrier à 2 mois et sont adultes à 7 mois pour quitter le giron familial au printemps suivant.
Prédateurs et longévité
Un blaireau peut vivre une vingtaine d'années. Adulte il n'a guère de prédateur, sauf l'homme.
La chasse et surtout la circulation automobile sont les principaux facteurs de mortalité. L'espèce n'est pas menacée en France.
Répartition
Partout sur le territoire français de 0 à 1500 m d'altitude à l'exception de la région parisienne, le Nord et le Nord-est et la Corse.
Risque de confusions
De loin et rapidement il peut être confondu avec le chien-viverrin et le raton laveur mais son allure de petits ours le distingue facilement. Du plus les chiens viverrins sont rarissimes et cantonnés dans l'Est de la France. Les ratons-laveurs, eux, ne sont visibles que dans l'Aisne et dans les départements frontaliers de la Belgique et de l'Allemagne.
Indices de présence :
Les pieds
Le blaireau comme l'ours est un plantigrade ; il laisse au sol l'empreinte de l'ensemble de son pied. Les pieds sont larges avec 5 pelotes.
Pieds avant : longueur : 6 à 8 cm, largeur : 5 cm.
Pieds arrière : longueur : 7 à 8 cm, largeur : 4 à 6 cm.
Pas de confusion possible !
Les crottes
Elles sont trouvables dans les toilettes. En regardant dans les pots on peut voir des crottes de couleur noire, de forme cylindrique de 5 à 8 cm pour un diamètre de 2 cm. Ces excréments contiennent parfois des éléments d'élytres de coléoptères ou sont très riches en terre quand le blaireau a consommé beaucoup de lombrics. L'odeur est rarement très forte.
Il n'y a guère de confusions possible sauf parfois avec le renard. Mais le renard ne se sert pas de pots et ses crottes sont toujours terminées par des aiguillons faits de poils non digérés.
Le terrier
Le blaireau est un terrassier. Son terrier peut être immense. En volume, avec les galeries, la fosse d'accul et le donjon, il peut être grand comme une salle de cinéma de quartier. On a signalé des entrées distantes de 80 mètres l'une de l'autre ; il n'est pas rare qu'il y est cohabitation avec des renards et même des lapins ; le blaireau aime faire son terrier dans un terrain pentu.
Le terrier est facilement repérable aux déblais qui se trouvent devant. L'entrée du terrier est le point de convergence des coulées empruntées par ses habitants. Elle forme en traversant le monticule de remblais une gouttière caractéristique qui trahit la présence du blaireau.
Enfin le blaireau étant un animal d'une propreté méticuleuse, aucun détritus ni aucune odeur nauséabonde ne signale la tanière.
Risques de confusions avec un terrier de renard
Le terrier du renard n'a pas de cône de déblais, la gouttière d'entrée est moins apparente. De plus les abords de chez Monsieur Goupil sont jonchés des reliefs des repas de toute la famille, mouches et mauvaises odeurs en trahissent facilement la position.
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.