Comment reconnaître le congre ?
Description du congre
L'anatomie du congre est à l'origine de sa mauvaise réputation, peu de gens trouvant joli un poisson à corps de serpent. Le congre est un poisson au corps très allongé. La nageoire dorsale du congre commence juste en arrière des pectorales mais s'étend très en arrière du corps au point de rejoindre la nageoire anale, très longue également, à la hauteur de la queue de l'animal.
La nageoire caudale, elle, n'est pas différentiable, l'extrémité caudale étant simplement pointue. Les nageoires pelviennes sont absentes chez ces poissons extrêmement spécialisés. Ces absences sont une caractéristique commune à l'ensemble des espèces du groupe des anguilliformes, plus adaptées à la vie dans les obstacles et le substrat qu'à la nage en pleine eau.
La robe du congre va du brun foncé au gris clair.
Confusions possibles
Le congre vit uniquement dans l'eau de mer.
L'anguille et la murène sont d'autres espèces du groupe des anguilliformes présentes sur nos côtes.
La murène commune, avec sa robe marbrée, est la plus facile à identifier.
Le congre ressemble à l'anguille, avec laquelle il est souvent confondu, mais il s'en distingue notamment par un oeil plus grand et une mâchoire supérieure saillante. Mais s'il s'agit de spécimens de taille équivalente, la confusion est alors possible. Il faut alors regarder l'anatomie de ces deux espèces de plus près. L'anguille présente une bouche prognathe, la mâchoire inférieure dépassant nettement la mâchoire supérieure. Chez le congre, c'est l'inverse, c'est le museau qui est proéminent. De plus, la nageoire dorsale du congre commence juste en arrière des pectorales, beaucoup plus antérieurement que chez l'anguille.
Taille et poids
Taille maximale : 3 mètres
Taille courante : 10 kilos
Poids maximal : 60 kilos
Longévité
40 ans
Le congre et ses cousins
Le congre appartient au superordre des élopomorphes, à l'ordre des anguilliformes, et à la famille des congridés. Une explication de tous ces groupements hiérarchiques s'impose, car le groupe des élopomorphes présente de nombreux points intéressants, notamment pour comprendre comment fonctionne la classification phylogénétique du vivant, c'est-à-dire la classification basée sur les relations de parenté.
Le superordre des élopomorphes (voir arbre de parenté) est un assemblage hétérogène qui regroupe des poissons d'allure primitive, comme le tarpon, et des poissons extrêmement évolués, comme les anguilliformes. On est sûrs que le tarpon, et encore le bonefish (un poisson bien connu des pêcheurs sportifs), sont apparentés aux anguilles et murènes, car tous ces animaux ont une caractéristique en commun : ils présentent un stade larvaire unique, la larve leptocéphale.
Il s'agit d'une larve à tête petite (d'où son nom) et au corps allongé et très aplati latéralement, lui donnant un aspect rubané. Cette larve présente l'étonnante particularité de se raccourcir à la métamorphose, ce qui signifie que la larve juvénile est plus longue que l'adulte. D'autres faits curieux la singularisent : elle est remplie d'une substance mucilagineuse, elle porte souvent des dents grandes (dents larvaires) mais dans le même temps, elle semble se nourrir principalement de bactéries et ne se sert donc pas de ses mâchoires.
Une bien curieuse larve, si spécialisée qu'elle prouve que toutes les espèces qui la possèdent proviennent d'un même ancêtre chez qui ce type de larve est apparu pour la première fois. L'ancêtre a légué à sa descendance actuelle la larve leptocéphale qui est considéré comme le caractère définissant le groupe des élopomorphes. On dit d'une telle caractéristique que c'est la synapomorphie des élopomorphes.
Au sein des élopomorphes, les anguilliformes forment un vaste ensemble de plus de 700 espèces au corps allongé et extrêmement transformé par rapport à l'état primitif. Outre l'aspect serpentiforme, la plupart les anguilliformes ont développé une multitude d'adaptation à la vie dans le substrat. On notera par exemple le minuscule orifice branchial, qui est une adaptation qui permet de ne pas remplir les branchies de vase pendant l'enfouissement. Les écailles sont souvent minuscules et totalement intégrées dans la peau. Le corps est couvert d'un épais mucus. Parmi les familles incluses dans l'ordre des anguilliformes, on notera les murénidés, mais aussi les anguillidés et les congridés. N'oublions pas un étonnant anguilliforme, le grand-gousier, un poisson des profondeurs à la gueule démesurée.
La famille du congre, les congridés, a des représentants dans le monde entier et compte 32 genres pour environ 150 espèces. En Méditerranée, outre -Conger conger-, deux espèces dont la taille n'excède pas 50 cm, vivent en profondeur à partir de 80 m : le congre des Baléares Ariosoma balearicum qui est jaune avec des taches rousses et le congre à queue noire -Gnathophis mystax- qui est gris clair.
La famille des congridés est connue dans les archives fossiles depuis le Campanien, soit environ 80 millions d'années. Ces restes fossiles ne sont pas des animaux complets mais simplement des otolithes.
Ethologie du congre
Alimentation
Le congre habite les anfractuosités rocheuses et les épaves d'où il sort la nuit pour chasser. On le trouve depuis la zone de balancement des marées jusqu'aux limites du plateau continental. Ce prédateur nocturne se nourrit de poissons, de crustacés et de céphalopodes. Il n'hésite pas à attaquer des proies de bonne taille, et les carapaces de tourteaux ou des homards (même lorsqu'elles ne sont pas molles) ne résistent pas à ses mâchoires.
Activité
Le jour, le congre est immobile dans son repère, attendant la bonne heure pour aller en chasse. Les congres habitant les épaves du large, souvent des gros spécimens, peuvent être actifs toute la journée. Mais les congres côtiers sont essentiellement nocturnes, et il est bien rare de les voir nager pendant le jour. A la tombée de la nuit, les congres jusque là invisibles envahissent les rochers, et beaucoup de gens seraient surpris de savoir qu'il y a tant à l'endroit où ils s'étaient baignés.
Reproduction
C'est une espèce ovipare. Les oeufs et le sperme sont éjectés dans le milieu extérieur, la fécondation est externe. La maturité sexuelle est atteinte vers 8 ans, alors que la durée de vie totale est estimée à plus de 40 ans. Précisons qu'un tel âge n'est atteint que chez des individus qui se sont reproduits tardivement ou qui ont été maintenus en aquarium. En effet, le congre meurt après s'être reproduit. Cet animal effectue des longues migrations pour aller pondre sur les grands fonds entre 2 000 et 4 000 m. Ces zones ne sont pas identifiées mais on sait qu'il ne s'agit pas comme pour les anguilles de la mer des Sargasses.
La femelle produit des millions d'oeufs qui donneront naissance à une larve très particulière, la larve leptocéphale. Elle est caractérisée par un corps à l'aspect rubané. Après une métamorphose marquée par un raccourcissement du corps de l'animal, le juvénile effectuera sa croissance près des côtes. La croissance du congre est rapide et un congre adulte peut mesurer 3 m et peser plus de 60 kg. De tels individus sont toujours des femelles.
Répartition
Le congre est présent dans toutes les eaux atlantiques du Sénégal au cercle polaire et en Méditerranée.
Carte d’identité du congre
Classe: ostéichtyens (les poissons osseux)
Ordre : anguilliformes
Famille : congridés
Nom : Conger conger
Article réalisé par Arnaud Filleul.