Jeu, sexe, smartphone... Ces addictions auxquelles on pense moins
Publié leQu’est-ce qu’une addiction ?
Dans le domaine de la santé, l’addiction désigne un état de dépendance fort. Elle se traduit par une envie irrépressible ressentie par une personne de faire ou de consommer quelque chose et ce, indépendamment des efforts mis en œuvre pour y résister. Le comportement addictif est une pathologie qui se manifeste physiquement par un effet de manque lorsque le sujet est privé de l’élément dont il est dépendant. L’addiction exclut donc de facto les éléments qui constituent un besoin essentiel (le sommeil, la nourriture selon des proportions vitales, etc.).
Comment identifier une addiction au sexe ?
L’effet de manque et les comportements associés à un trouble addictif sont variables, en fonction du type d’addiction et du niveau de gravité. En ce qui concerne l’addiction au sexe, par exemple, plusieurs symptômes cliniques permettent d’identifier le trouble addictif. La masturbation compulsive, lorsque celle-ci représente l’essentiel de l’activité sexuelle, est un comportement qui relève de l’addiction. Les deux autres symptômes significatifs sont : le changement très fréquent de partenaire sexuel et le recours compulsif à la pornographie. Comme c’est le cas pour beaucoup d’addictions, les personnes qui présentent un comportement addictif envers le sexe n’éprouvent aucun plaisir ni aucune satisfaction dans l’acte sexuel.
Quels sont les comportements caractéristiques d’une addiction au jeu ?
A l’instar de l’addiction au sexe, la dépendance au jeu est une pathologie qui prive les personnes atteintes de tout plaisir ou satisfaction liée à l’activité pratiquée. Le joueur compulsif devient littéralement esclave du jeu dans lequel il est engagé. Ce comportement se traduit par l’abandon de toute activité sociale au profit de la pratique exclusive du jeu. Les symptômes d’addiction au jeu comprennent notamment : l’incapacité du joueur à mettre un terme à son jeu, une agressivité ou une forte irritabilité liée à son incapacité à quitter le jeu, une perte de contrôle lors de la pratique du jeu, et l’abandon de toute vie sociale extérieure à l’univers du jeu. À noter : il existe également une addiction aux jeux vidéo.
Le cas récent de la nomophobie
Le terme « nomophobie » désigne un mal très ancré dans notre siècle. Ce néologisme est issu de la contraction du groupe nominal anglophone « no mobile phobia ». La nomophobie désigne donc littéralement et tout simplement la peur pathologique de ne pas avoir son téléphone portable à portée de main et donc de ne pas pouvoir le consulter. Cette crainte très contemporaine tend à se développer avec les années, dans la mesure où le nombre d’utilisateurs de smartphones ne cesse de croître. Une étude conduite il y a dix ans par le UK Post Office révélait à l’époque que près de 53 % des utilisateurs de téléphones mobiles présentaient des symptômes d’anxiété lorsqu’ils égaraient leur téléphone, si celui-ci n’était pas chargé ou encore si la couverture réseau était insuffisante.
Comment se manifeste la nomophobie ?
La nomophobie se manifeste au quotidien par l’utilisation et la consultation incessante du téléphone portable. Dans la rue, au restaurant, au bureau, au lit : l’appareil ne quitte jamais les yeux de son utilisateur, dont les doigts se ruent sur l’écran dès le premier temps mort. Le fait de consulter sans cesse son téléphone portable est un signe évident de dépendance. L’addiction est d’autant plus manifeste lorsque les signes d’anxiété liés à la perte de connexion apparaissaient. Comme toutes les addictions, la nomophobie instaure une rupture entre la personne atteinte et le monde extérieur. Dans des cas extrêmes, l’anxiété manifeste peut mener à des crises de panique, provoquant une forte accélération de la fréquence cardiaque et des sensations d’étouffement. Dans le même ordre d'idée, les personnes atteintes de nomophobie confessent une fois sur deux préférer leur smartphone aux relations sexuelles.
Quel comportement adopter en cas de signes troublants ?
Nous l’avons vu, l’un des troubles les plus manifestes de l’addiction est le repli sur soi. Pour les personnes extérieures, il peut être un signe avant-coureur, voire un signal d’alarme. Lors de la constatation de signes inquiétants, l’entourage d’une personne se doit, s’il est en mesure de le faire, de réagir rapidement pour endiguer le trouble et éviter l’escalade. L’addiction conditionne des épisodes dépressifs et peut mener à une tentative de suicide. Il est possible et fortement recommandé d’aiguiller la personne atteinte par un comportement addictif vers des associations d’aide à la dépendance, comme par exemple pour le jeu, SOS joueurs ou encore Joueurs info service. Au niveau médical, des consultations spécialisées en addictologie permettent de prendre en charge les personnes en détresse et de traiter les pathologies.
Quelles sont les prises en charge existantes ?
Les prises en charge varient selon les addictions et leur niveau de gravité. Les personnes atteintes d’addiction au sexe ne peuvent s’en sortir sans aide extérieure. En France, elles sont directement prises en charge par un médecin généraliste et un psychiatre. La prise en charge de l’addiction au sexe, tout comme celle de l’addiction au jeu, mélange différentes approches. La pharmacologie (essentiellement des antidépresseurs) ne constitue pas le cœur de la thérapie. La médication a pour but de soulager l’état d’anxiété du patient et de soutenir l’approche psychothérapique, axée sur la reconquête du contrôle du comportement. Dans le cadre du traitement de l’addiction au jeu, des mesures de protection extérieures peuvent permettre de soutenir la thérapie (blocages des comptes bancaires, interdiction d’entrée dans les salles de jeux, les casinos, etc.).
Avec l’évolution des technologies et l’augmentation significative du nombre de smartphones sur terre, la nomophobie concerne un pourcentage croissant de la population mondiale. Des mesures de prévention efficaces permettent de prendre conscience du danger et d’écarter le risque d’addiction. On apprend à se détacher progressivement de son téléphone portable, en l’éteignant par exemple par tranches de 15 ou 30 minutes. Cette approche progressive s’apparente à la désensibilisation, traitement allergologique qui consiste à traiter l’organisme pour qu’il tolère de nouveau un agent allergène. On réapprend à se séparer physiquement de son téléphone, pour un temps, et à ne plus le consulter en présence d’autres personnes. Dans les cas sévères de nomophobie, comme pour toutes les addictions, le soutien d’un professionnel de la santé est nécessaire.