Etymologie
Le mot renne est un vieux mot d'origine scandinave.
Le mot caribou qui désigne le cousin américain est emprunté au vocabulaire des Algonquins, précisément aux Micmacs. Ce mot signifie celui qui retourne la neige pour trouver sa nourriture.
Les rennes vivent en Europe et en Asie, les caribous vivent en Amérique du Nord.
Le renne est un animal providentiel pour les peuples nomades des grands froids.
Les rennes sont élevés pour, la viande, la peau, le lait, les tendons
Les lapons élèvent les rennes de façon très extensive. Pendant toute l'année, ils les laissent pâturer à leur guise dans les immensités au Nord du cercle arctique. Ce n'est qu'une fois par an, en hiver, qu'ils les regroupent, en les rabattant avec des motos neige (autrefois avec des traineaux à chiens, ou à pied en raquette) vers des enclos.
Parmi ces milliers d'animaux réunis, qui paraissent tous semblables, ils reconnaissent ceux dont ils sont propriétaires aux incisions, différentes suivant les élevages, qu'ils ont faits les années précédentes à leurs oreilles.
Le problème de la propriété des jeunes de l'année, qui ne sont pas encore marqués, est résolu grâce à une observation toute simple :
Un veau de l'année ne quitte jamais le « cul de sa mère », il est donc forcément issu de le femelle qui le précède et appartient de plein droit au propriétaire de sa mère. Dans la foule qui tourne dans l'enclos de reprise, ils sont repérés, attrapés au lasso et marqué d'une entaille identique à celle de sa mère. La plupart de ces jeunes est relâchée, certains sont conservés pour être dressés à la monte ou à l'attelage.
Avant les motos neige c'étaient les rennes qui devaient venir aux hommes. Pour cela, à la fin de l'hiver, les lapons avaient l'habitude d'uriner toujours au même endroit. L'urine qui contient naturellement du sel, attirait les rennes qui en manquent cruellement pendant la période hivernale. Les animaux ayant perdu toute prudence étaient facile à capturer.
Nicolas Vanier , Explorateur des régions arctiques, écrivain, réalisateur du Dernier Trappeur et de Loup
« En Sibérie, et plus particulièrement dans les montagnes Verkhoïansk, on dit que « l'hiver dure douze mois et que le reste, c'est l'été ».
Le froid fait partie de la vie des Évènes. Il est une sorte de compagnon dont ils s'accommodent, riant de lui lorsqu'il pince un peu fort, et qui leur manque lorsque ce qui tient lieu d'été dure trop longtemps. Car en hiver, grâce au froid, on circule bien et vite, partout. En été, les rivières, que l'on ne peut pas traverser, obligent les Évènes à faire de grands détours. Les rennes risquent de s'enfoncer dans les marécages qu'il faut donc contourner, les éboulis bloquent certain accès alors qu'en hiver, ce sont de magnifiques surfaces de neige uniformes que les rennes montent sans difficultés. Le froid permet aussi de conserver la viande et le poisson autant de semaines, et même de mois, que l'on souhaite.
Les Évènes ont apprivoisé ce froid. Pour le supporter, ils se sont, une fois encore, tourné vers leurs rennes qui les habillent chaudement de la tête aux pieds. En hiver, un Evène ressemble à un renne. Il est un renne ! Bottes fourrées en peau de renne prélevée en automne sur le jarret de l'animal), pantalon et veste en fourrure de renne, chapeau et gilet en peau de renne !
Dans les tentes, ce sont encore les grandes fourrures de renne qui recouvrent l'épais tapis de branches de sapins et les isolent du froid. Lorsqu'il fait très froid, au-delà de moins cinquante les évènes ont pour habitude de recouvrir le toit de leur tente de toile d'épaisses peaux de rennes qui empêchent la chaleur dégagée par leur petit poêle à bois de trop s'échapper.
Le bois mort est très soigneusement choisi et souvent préparé des années à l'avance. En effet, quant ils quittent l'emplacement d'un camp, généralement situé non loin d'une petite forêt, les nomades enlèvent, sur quelques centimètres de hauteur, toute l'écorce qui se trouve autour des pins qu'ils ont choisis. Ils serviront de bois de chauffage la prochaine fois que le clan viendra camper dans cette zone. L'arbre mourra sur pied. Il sèchera au vent et au soleil produisant le meilleur bois de chauffage que l'on puisse trouver. En coupant l'arbre, il pourrirait, couchés sur le sol dont il prendrait toute l'humidité.
L'arbre mort sur pied tiendra ainsi, debout, plus de dix ans.
Ce bois, scié, puis fendu et empilé devant la tente, viendra alimenter un petit poêle de tôle et la chaleur irradiera dans toute la tente. Les Évènes surchauffent comme s'ils pensaient que la chaleur accumulée dans la tente par l'organisme allait être restituée à l'extérieur ! Certaines tentes ou cabanes sont de véritables saunas. Les Évènes vivent entre deux extrêmes : Extrêmement froid dehors, extrêmement chaud dedans !
Dehors, pour se protéger de la morsure du froid sur le visage, les nomades fabriquent avec un morceau de fourrure de renne, un petit masque qu'ils portent sous le manteau, accroché autour le cou au moyen d'une petite cordelette de cuir. Sous leur manteau en fourrure de rennes, ils multiplient les couches (de pulls de laine) pour s'adapter au froid, sachant que pour un long trajet, le nomade emportera toujours avec lui, ses vêtements les plus chauds et un sac de couchage. C'est lui qui, en cas d'accident, peut sauver la vie et il n'est jamais oublié, d'autant plus qu'il sert également de siège sur le traineau ».
Les rennes ont envahis la vie de nos enfants
Les rennes sont des travailleurs saisonniers, c'est eux, pas les caribous, qui sont attelés au traineau du père Noël.
C'est pour eux que les bambins déposent des carottes « quand dehors, il fait si froid ».
Le caribou
Il est chassé lors de ses grandes migrations
C'est un véritable garde-manger qui vient à la rencontre des prédateurs. Il n'est pas une famille québécoise qui n'attende la manne saisonnière.
Un permis de chasser ouvre le droit à 2 caribous. Il est bien rare que les descendants de trappeurs ou de chasseurs indiens , que sont encore plus ou moins nos lointains cousins de la Belle Province, laissent aux loups leur part de ce Dame-nature leur offre avec générosité tous les automnes.
Ceux qui ne chassent pas à l'affut se souviennent de la façon dont leurs ancêtres approchaient les troupeaux quand ils n'avaient encore que des arcs pour chasser. En se mettant à bon vent, ils avançaient à découvert, le plus en évidence possible. Ils mettaient les bras bien au dessus de la tête pour que leurs silhouettes ressemblent alors à celle d'un grand mâle coiffé d'un grand panache. Attirés par ce concurrent inconnu, les dominants venaient chercher querelle jusqu'à être à portée de flèche...
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.