Le makapi
L'explorateur russo-allemand Wilhelm Junker, qui vit en 1878, dans le district de Nepo (le Congo actuel), est en présence de la peau d'un mammifère inconnu. Il écrit dans Reisen in Afrika, publié en 1891 :
"Très remarquable et nouveau pour cette région de l'Afrique centrale, était une peau que je reçus alors. Il lui manquait malheureusement le cou et les pattes, de sorte qu'au début j'étais dans le doute sur son identification. La taille était celle de la peau d'une antilope pygmée, cependant la robe colorée réfutait immédiatement une telle supposition. Elle était en effet brun-rougeâtre, avec l'extrémité des poils noirs et des rayures blanches du cou jusqu'aux flancs.
L'animal doit avoir une distribution très restreinte, habitant plus précisément la région marécageuse des Ngobbu et des Dakko ; il serait souvent observé dans ces marécages, accroupi sur les pattes de devant. Et en effet, au bas des pattes antérieures, il y avait des callosités bien visibles, ce qui corroborait les observations. Seuls bien peu d'A-Sandé [Azandé] connaissaient l'animal, et l'appelaient makapi."
Junker prit l'arrière-train de l'animal pour l'avant ("le cou"), erreur pardonnable, tant la peau de l'animal à la robe est insolite, et crut qu'il s'agissait de celle d'un chevrotain.
L’atti de Stanley
Henry Morton Stanley correspondant du New York Herald, parti en Afrique centrale à la recherche de David Livingstone. Il en entendit parler par les Pygmées au cours de ses pérégrinations dans des contrées d'où jamais un occidental n'était revenu.
Celui qui, en le retrouvant, prononça le fameux : "Doctor Livingstone, I presume..." (Docteur Livingstone, je présume...) décrivit ce qu'il tenait pour une sorte d'âne local aux habitudes surprenantes.
"Les Wambutti connaissaient un âne et l'appelaient "atti". Ils disent qu'ils en attrapent quelquefois dans des fosses. Ce que ces ânes trouvent à manger est une merveille".
Le ndumbe de l’administration belge au Congo
En 1897, un employé de l'administration belge qui gouverne alors le Congo, décrit un animal appelé ndumbe par les Momvu :
"De taille supérieure au buffle, tête noire, le cou et le corps brun-marron, arrière-train zébré par des raies noires et blanches. Ces raies forment des anneaux sur les quatre membres. La queue est longue de 50 centimètres et se termine par une touffe de poils. Elle a les formes gracieuses et arrondies du zèbre. Sa chair est excellente."
Le capitaine Marchand "je n’avais jamais rien vu de semblable"
Jean-Baptiste Marchand, qui commanda la mission Congo-Nil à la fin du XIXème siècle pour le gouvernement français relate les faits suivants :
"Les tirailleurs de garde à la première embarcation signalent presque aussitôt parmi le troupeau d'antilopes aperçues tout à l'heure un individu absolument différent des autres, de formes, de robe, et d'allures tout à fait anormales pour l'espèce et pour la région. Je ne me rappelle pas avoir jamais rien vu de semblable en Afrique. J'ordonne à la flottille d'arrêter son mouvement, et, muni d'une carabine, je passe dans une pirogue légère au moyen de laquelle je vais essayer d'approcher assez de l'étrange animal pour pouvoir le capturer. J'ai l'intuition que l'histoire naturelle pourrait être intéressée au succès de ma tentative."
Et enfin, l’okapi de Sir Harry Johnston
C'est un haut fonctionnaire anglais qui eut l'honneur de la découverte zoologique de l'okapi. Sir Harry Johnston, gouverneur de l'Ouganda, obtint de nouvelles informations sur l'animal chimérique auprès des Pygmées du Congo :
"Ils comprirent sur-le-champ ce que je voulais dire, et, désignant une peau de zèbre et une mule vivante, ils m'informèrent que la créature en question, qui était appelée okapi, ressemblait à une mule ornée de raies de zèbre."
L'animal fut décrit scientifiquement en1901 lorsque Johnston fut en présence d'un animal complet. Il est maintenant connu sous le nom de Okapia johnstoni.
L’aventure de la connaissance des animaux n’est pas terminée
Des espèces nouvelles de poissons et d'insectes sont répertoriées presque quotidiennement. Certaines disparaissent avant d'être connues. D'autres apparaissent ou réapparaissent c'est le cas du Babiroussa, cet étrange sanglier aux défenses tellement démesurées qu'elles finissent par percer sa boîte crânienne. Cette espèce fut observée vivant dans la nature indonésienne il y a 20 ans par Maurice Patry, alors qu'elle était censée avoir disparue depuis 70 ans. (Maurice Patry : Babiroussa aux éditions Fixot).
Plus récemment des expéditions furent entreprises avec succès sur les traces du Père David (Découvreur du cerf du Père David et du Grand-Panda dans les montagnes du Sichuan) voir et filmer le boeuf sauvage chinois. D'autres se sont montées pour retrouver un dinosaure dans les marais africains, un dodo dans les Mascareignes. Peut être s'en prépare-t-il pour retrouver le mégacéros (cerf géant), le monstre du Loch Ness ou le yéti ? Affaires à suivre et à encourager !
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.