Le film catastrophe, catharsis pour le spectateur
Le genre du film catastrophe est une forme de film à suspense dont l'intrigue aborde une catastrophe naturelle (tremblement de terre, raz de marée, chute de météorites, etc.), technologique (explosion, crash aérien, incendie, naufrage, contamination, etc.) ou encore tout simplement le destin tragique d'un groupe de personnes. Difficile de ne pas voir le film catastrophe comme un exutoire cathartique inconscient, pour les spectateurs.
On note deux périodes dans l'histoire du cinéma. La première débute au début des années 1970 avec des films comme Airport, L'Aventure du Poséidon et bien entendu La Tour Infernale. La seconde commence au cours de la première moitié des années 1990 avec des longs métrages comme Les Survivants, ou encore Independence Day. Couvrant l'ensemble de l'âge d'or du genre, voici notre sélection des films catastrophe les plus incontournables de l'histoire du cinéma.
L'Aventure du Poséidon, de Ronald Neame
Tandis que les passagers du luxueux paquebot Poséidon, en route vers la Palestine, s'apprêtent à célébrer la nouvelle année, une vague scélérate s'abat violemment sur l'embarcation, retournant l'appareil. Bientôt, les survivants de la catastrophe tentent de se frayer un chemin pour rejoindre la surface.
Adapté d'un roman éponyme écrit par Paul Gallico, L'Aventure du Poséidon s'inspire d'une histoire vraie. Durant la seconde guerre mondiale, le Queen Mary, qui transportait alors des soldats américains vers l'Europe, avait failli de justesse chavirer après avoir essuyé une énorme lame de fond. A noter que les séquences se déroulant avant le naufrage ont d'ailleurs été tournées dans le Queen Mary. Plus de trente ans après sa sortie, L'Aventure du Poséidon n'a en rien perdu de sa splendeur. Mention spéciale pour la prestation de Gene Hackman.
A partir de 12 ans.
La Tour Infernale, de John Guillermin
Douglas Roberts, un architecte renommé, retourne à San Francisco à l'occasion de l'inauguration du gratte-ciel le plus haut de la planète, dont il est à l'origine. Alors que la fête bat son plein, un incendie provoqué par une installation électrique défaillante commence à se propager. Tandis que le feu gagne rapidement du terrain, le capitaine des pompiers Michael O'Hallorhan tente de sauver les trois cent convives assiégées par les flammes.
Peu de temps après le triomphe de L'Aventure du Poséidon, la Twentieth Century Fox et la Warner associent leurs moyens colossaux pour mettre en scène un film catastrophe remarquable. Les acteurs réunis pour les besoins de La Tour Infernale sont alors les mieux payés de la planète. On retrouve notamment Paul Newman, Steve McQueen, Faye Dunaway ou encore Fred Astaire. Le scénario de ce classique du genre fait la synthèse entre deux romans : The Tower, écrit par Richard Martin Stern et The Glass Inferno, de Thomas N. Scotia.
Dans le même genre : Airport, de George Seaton, 1970
La Dernière Vague, de Peter Weir
David Burton est un brillant avocat spécialisé en droit des sociétés vivant à Sydney. Depuis quelques temps, des phénomènes météorologiques étranges se font chaque jour sentir davantage : pluies diluviennes, grêles, bourrasques. Un jour, David est l'avocat commis d'office de cinq aborigènes accusés d'avoir assassiné un de leur camarade. Il découvre bientôt qu'il s'agit d'un meurtre tribal.
À mi-chemin entre le thriller, le film fantastique et le film catastrophe, La Dernière Vague est une œuvre singulière. Comme dans Pique-nique à Hanging Rock, le précédent film du réalisateur Peter Weir, l'atmosphère est étrange, presque onirique. Envoûtante et inquiétante, la musique ne cesse elle aussi de renforcer cet effet. Tout au long du film, des signes mystérieux semblent indiquer que la fin du monde est proche et qu'une énorme vague est sur le point de tout détruire sur son passage. Mais ne s'agirait-il pas plutôt de la matérialisation des doutes du personnage principal ? Belle et étrange, La Dernière Vague est une œuvre incontournable.
28 jours plus tard, Danny Boyle
Un groupe de défenseurs des animaux pénètre dans un laboratoire où l'on s'adonne à d'étranges expériences génétiques sur des singes. Alors que le groupe s'apprête à les libérer, un scientifique l'avertit de la dangerosité du virus présent dans l'organisme des animaux. Mais il est déjà trop tard : les singes leur bondissent bientôt dessus, fous de rage. 28 jours plus tard, un jeune homme se réveille d'un coma dans un lit d'hôpital de Londres, où les habitants semblent avoir tous disparus…
Réalisé par Danny Boyle (Petits Meurtres entre Amis, Trainspotting, Slumdog Millionaire, etc.), 28 Jours Plus Tard n'est pas seulement un banal film de zombies. La métamorphose des figures du quotidien (routes, embouteillages, foules) joue un rôle important dans l'installation de la peur et du suspense. La séquence d'introduction, où l'on découvre un Londres totalement exsangue, est superbement mise en scène. Chose relativement perturbante pour les habitués du genre : les zombies se meuvent avec une rapidité déconcertante. À noter que l'acteur Cillian Murphy a été découvert par le grand public grâce à ce long métrage.
A partir de 12 ans.
Dans le même genre :
- Alerte !, de Wolfgang Petersen, 1995 ;
- Contagion, Steven Soderbergh, 2011.
Open Water, de Chris Kentis
Ereintés par leur travail, Susan et Daniel décident de partir en vacances au bord d'une plage des Bahamas. Pour démarrer leur séjour en beauté, ils s'inscrivent à une expédition de plongée sous-marine. Très tôt dans la matinée, ils s'installent à bord d'un bateau accompagné d'autres résidents de l'hôtel. Arrivés en pleine mer, les couples partent chacun de leur côté et se livrent aux joies de l'exploration des fonds marins. Tandis que les plongeurs commencent à réembarquer pour le retour, Susan et Daniel continuent à flâner à travers l'océan. Lorsqu'ils émergent enfin, l'embarcation a déjà quitté les lieux, les laissant seuls avec les requins…
Inspiré d'une histoire vraie, Open Water est un film à petit budget efficace et oppressant. Contrairement aux films catastrophes habituels où des milliers de personnes sont aux prises du danger, l'on ne suit cette fois-ci que deux protagonistes. La force du film est de parvenir à captiver l'attention du spectateur du début à la fin sans tomber dans le piège de la redondance. À noter que les acteurs Blanchard Ryan et Daniel Travis ont passé plus de 120 heures dans l'eau au cours de la production du film.
Le Jour d'Après, de Roland Emmerich
Accompagné de ses deux coéquipiers, le paléo-climatologue Jack Hall effectue une mission scientifique de routine en Antarctique. Pendant le forage d'une carotte de glace, un énorme plateau de glace se détache brusquement du reste du continent. Bientôt, ce phénomène révèle un violent changement climatique sur l'ensemble du globe…
Inspiré du roman Le Grand Dérèglement du Climat écrit par Art Bell et Whitley Striber, Le Jour d'Après est un divertissement de qualité doté d'une mise en scène et d'effets spéciaux efficaces. Il est évident que les attentats du World Trade Center ont joué un rôle considérable dans l'écriture de ce long métrage. La séquence où l'on aperçoit la statue de la liberté prise dans les glaces évoque d'ailleurs de façon oblique la mémoire du 11 septembre.
Cloverfield, de Matt Reeves
New York, 2007. À l'occasion de l'imminent départ de Rob pour le Japon, une quarantaine de ses amis lui ont organisé une fête de départ. Alors que les festivités se prolongent tard dans la nuit, une violente secousse se fait soudainement sentir. Effrayés, les invités se pressent sur le balcon et dans la rue pour comprendre ce qu'il se passe. Un choc sourd se fait alors entendre et l'on aperçoit la tête de la statue de la liberté se fracasser lourdement en pleine rue. Manhattan est bientôt le décor d'une attaque dévastatrice.
En dépit d'une dimension science fiction sous jacente, Cloverfield peut parfaitement être considéré comme un film catastrophe. L'œuvre reprend d'ailleurs tous les codes du genre, avec entre autre la fameuse fête, bientôt perturbée par un cataclysme. Tous les symboles de l'Amérique sont à un moment ou un autre pulvérisés au cours du film. Là encore, difficile de ne pas penser aux attentats du 11 septembre 2001, ici clairement évoqués par le réalisateur Matt Reeves. L'usage d'une caméra embarquée renforce d'ailleurs amplement cette idée. Doté d'effets spéciaux saisissants et d'une réalisation convaincante, Cloverfield est un indispensable du genre.
A partir de 12 ans.
Dans le même genre : La Guerre des Mondes, de Steven Spielberg
Phénomènes, Michael Night Shyamalan
Un étrange phénomène frappe de plein fouet le tout Central Park : des centaines de personnes se suicident de concert sans raison apparente. Alors qu'un vent de panique se répand aux quatre coins des Etats-Unis, les autorités américaines privilégient la thèse du bioterrorisme. On annonce bientôt que des événements similaires se produisent sur la côté du New Jersey. Julian, une enseignante de mathématiques, et sa fille Jess décident aussitôt de s'enfuir de Philadelphie.
Mis en scène par le réalisateur Michael Night Shyamalan, à qui l'on doit notamment les films Sixième Sens, Le Village ou encore Signes, Phénomènes est une œuvre qui parvient à détourner habilement le familier pour le rendre effrayant. Si ce long métrage n'est pas exempt de défauts, nombreuses sont les séquences rappelant Les Oiseaux, d'un certain Alfred Hitchcock, rien que ça. Frissons garantis.
Dans le même genre :
- Blindness, de Fernando Meirelles, 2008 ;
- Contagion, de Steven Soderbergh, 2011.
2012, de Roland Emmerich
Suite à une éruption solaire, le noyau de la Terre se réchauffe à une vitesse encore jamais rencontrée. En découle des déplacements brusques de la croûte terrestre qui plongent l'humanité dans le chaos le plus total. Le romancier Jackson Curtis et sa famille tentent de survivre aux innombrables catastrophes.
Disposant d'effets spéciaux ébouriffants, 2012 ne cesse de faire traverser à ses personnages les épreuves les plus éprouvantes à un rythme infernal. Peu importe les invraisemblances scientifiques du scénario, le spectateur est pris dans un véritable grand huit durant lequel il reste scotché à son siège durant 2h40. Impressionnant.
Take Shelter, de Jeff Nichols
Curtis LaForche est un père de famille aimant qui vit paisiblement avec sa femme et sa fille dans une petite ville des Etats-Unis. Jusqu'au jour où il devient sujet à de violents cauchemars. Obsédé par l'arrivée imminente d'une tornade, des visions de fin du monde s'emparent petit à petit de son esprit. Son étrange comportement commence bientôt à fragiliser son couple et à susciter l'incompréhension de ses amis. Curtis se questionne : doit-il protéger sa famille d'une tempête ou de lui-même ?
Sans aucun doute inspiré du film La Dernière Vague, du cinéaste Peter Weir, Take Shelter fait à la fois preuve de pertinence dans son analyse sociale et sur le traitement du drame psychologique. La mise en scène est superbe et l'acteur Michael Shannon (Shotgun Stories, Bug, etc.) est prodigieux. Ces images d'une société américaine au bord du gouffre, récit d'un esprit malade, vous resteront longtemps en mémoire.
Mais aussi…
- Tremblement de terre, Mark Robson, 1974
- L'Odyssée du Hindenburg, Robert Wise, 1975
- Backdraft, de Ron Howard, 1991
- Les Survivants, de Frank Marshall, 1993
- Jurassic Park, Steven Spielberg, 1993
- Independence Day, Roland Emmerich, 1996
- Twister, de Jan de Bont, 1996
- Titanic, James Cameron, 1998
- En pleine tempête, de Wolfgang Petersen, 2000
- Le Pic de Dante, de Roger Donaldson, 2006
- Sunshine, de Danny Boyle, 2007