Rouge ou blanc ?
Les deux...
Rouge pour les scientifiques qui se réfèrent à ses nageoires rutilantes auxquelles il doit son nom latin rutilus-rutilus (Rutilant signifie rouge et non pas éclatant comme on le croit souvent). Blanc pour les pêcheurs qui le range parfois avec un peu de dédain dans la "blancaille" avec les brèmes, les rotengles et les "sans-noms".
Comment reconnaître le gardon ?
Taille et poids
Le gardon atteint 45 centimètres pour près de 2 kilogrammes, mais un gardon d'une livre est déjà un beau spécimen.
Description
C'est un poisson assez allongé et aplati latéralement.
La bouche est terminale et très légèrement dirigée vers le haut. Le dos est moyennement bombé, le corps est couvert d'écailles de taille moyenne et non-ornementées. La ligne latérale est faiblement arquée vers le bas et s'étend sur 41 à 48 écailles. La nageoire dorsale, au bord dorsal concave, comprend 9 à 11 rayons mous et la nageoire anale, également concave, en compte 9 à 10. Les nageoires pelviennes sont en position abdominale, elles s'insèrent au même niveau que la nageoire dorsale. Le pédoncule caudal est assez fin, il soutient une nageoire caudale nettement fourchue. L'oeil et toutes les nageoires sont oranges, mais ils tendent vers le rouge lorsque le poisson vieillit. Les nageoires dorsale et caudale sont cependant plus sombres que les autres. Le dos est brun-noir à verdâtre selon le milieu, les flancs sont argentés et le ventre blanc. Des reflets bleus à violets parcourent les flancs. Les proportions changent avec l'âge, le corps devenant de plus en plus trapu. Durant la période de reproduction, les mâles sont couverts de tubercules nuptiaux de forme conique. Très petits sur le corps, ces tubercules sont plus gros et bien visibles dans la région céphalique.
Confusions possibles
Plusieurs espèces peuvent se confondre avec le gardon ; elles appartiennent toutes à sa famille, les Cyprinidés.
C'est avec le rotengle que la confusion est la plus fréquente. Pour l'éviter, il faut remarquer que la gueule du rotengle est plus nettement dirigée vers le haut et que sa nageoire dorsale s'insère en arrière du niveau des pelviennes alors que dorsale et pelviennes sont au même niveau chez le gardon. Les critères de proportions et de couleurs sont à éviter car, en vieillissant, gardon et rotengle adoptent parfois une forme et une coloration du corps et des nageoires pratiquement identiques.
Blageon et gardon, deux très proches parents, présentent une forme remarquablement similaire mais la ligne latérale orange du blageon permet de faire la différence.
L'ide est fréquemment confondu avec le gardon mais il faut remarquer son corps plus trapu et sa bouche plus grande. Notons que l'ide peut atteindre 4 kilogrammes et que les "gros gardons" de plus de 2 kilogrammes dont parlent certains pêcheurs sont, en fait, des ides. Enfin, rappelons que le gardon s'hybride avec le rotengle, la brème, et la brème bordelière. Les hybrides présentent des caractéristiques de forme et de couleur intermédiaires entre les espèces-mère et sont souvent affublés du nom de sans-noms, vocables dédaigneux qui montre bien le dédain dans lequel ces créatures sont tenues.
Le gardon et ses cousins
Le gardon appartient au groupe des otophysaires, à l'ordre des cypriniformes et à la famille des Cyprinidés.
Les otophysaires regroupent tous les poissons possédant un appareil de Weber. Au sein des otophysaires on trouve 4 ordres importants, notamment par leur richesse spécifique : les characiformes (l'ordre du pacu ou encore du piranha), les siluriformes (poisson-chat, silure, etc.), les cypriniformes (gardon, carpe, tanche, etc.) et les gymontiformes (les gymnotes). Tous ces animaux, pourtant d'apparence différente, sont réunis car ils sont étroitement apparentés. Cette parenté est prouvée par le fait qu'il possède un caractère anatomique très particulier : l'appareil de Weber.
Il s'agit d'une transformation des toutes premières vertèbres ainsi que des côtes, des arcs neuraux et des supra-neuraux associés à ces vertèbres. Des ligaments connectent la vessie natatoire aux os de l'appareil de Weber. Lorsque la vessie vibre, tous les os vibrent de proche en proche. L'élément osseux le plus proche du crâne, le scaphium, transmet le son à l'oreille interne par l'intermédiaire d'un sinus, le sinus impar. Cette structure permet une meilleure perception des sons et vibrations en les transmettant depuis la vessie natatoire jusqu'à l'oreille interne.
La famille des cyprinidés, quant à elle, est non seulement la plus grande famille de poissons d'eau douce, mais aussi la deuxième famille de vertébrés (après les gobiidés), avec 2010 espèces réparties dans 210 genres. La plus grande espèce est la carpe géante, Catlocarpio siamensis, qui avec ses 3 mètres apparaîtrait monstrueuse même à côté d'une respectable carpe commune. La plus petite, Danionella translucida, n'atteint que 12 mm. Cette famille est notamment caractérisée par la présence de dents pharyngiennes. Les cyprinidés sont présents en Europe, Asie (la plus grande diversité), Afrique et Amérique du Nord, mais absents en Amérique du Sud. Les cyprinidés sont connus dans les archives fossiles depuis l'Yprésien, un étage de l'Eocène daté à - 55 millions d'années.
En France, les cyprinidés constituent l'essentiel des poissons de nos rivières et étangs. Il s'agit aussi d'espèces extrêmement recherchées par le pêcheur sportif, comme la carpe, à laquelle certains pêcheurs vouent un véritable culte, mais aussi des espèces de pêche au coup, comme le gardon, l'ablette, la brème, la tanche ou le rotengle. Au sein des Cyprinidés, le cousin le plus proche du gardon serait le rotengle, un poisson par ailleurs fréquemment confondu avec le gardon. Les relations de parenté du gardon et de ses plus proches cousins cyprinidés vous sont présentées dans l'arbre de parenté ci-contre.
Ethologie du gardon
Alimentation
Il trouve sa nourriture aussi bien sur le fond qu'à mi-eau ou en surface. Il est omnivore, consomme énormément de Chironomidés et de larves d'insectes mais aussi des petits crustacés, des plantes et des petits mollusques.
Longévité
Une dizaine d'années en moyenne, si on le laisse vivre. Un spécimen a atteint 14 ans.
Activité
C'est peut-être le poisson le plus fréquent de nos eaux. Les bancs de gardons font le bonheur des pêcheurs d'étangs, des grands lacs ou des petites mares. Il n'y a guère que dans la partie haute des ruisseaux qu'il est absent.
Il se promène dans toute la colonne d'eau. Il est assez tolérant aux perturbations de l'environnement. Certaines populations vivent aussi en eaux saumâtres.
Une des activités principales du gardon est, malheureusement pour lui, d'éviter ses prédateurs. Brochets, sandres et perches raffolent de ces petits poissons.
Lorsqu'on pêche le gardon, il est courant de voir un brochet attaquer le banc de poissons réunis sur l'amorce, provoquant le départ simultané de plusieurs gardons qui viennent sauter en surface. Les perches et les sandres ont plus tendance à isoler un gardon et à le poursuivre. Il est ainsi fréquent de voir une perche ou un sandre venir coincer un gardon jusque contre la berge, avant de l'avaler.
Reproduction
C'est à la fin du printemps que le gardon se reproduit. Il rejoint les zones peu profondes et dépose des oeufs jaunes et adhérents dans la végétation. Les oeufs incubent collés aux plantes. Les larves tombent sur le fond et se nourrissent des réserves vitellines avant de consommer des rotifères puis des crustacés planctoniques.
Carte d’identité du gardon
Classe : ostéichtyens (les poissons osseux)
Ordre : cypriniformes
Famille : cyprinidés
Nom : Rutilus rutilus
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.