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Lettre d’amour de Victor Hugo à Adèle Foucher
Voici le premier moment de joie de toute cette journée : je t'écris.
Adèle, il me semble qu'il y a un siècle que je ne t'ai vue. Je ne puisse figurer qu'hier à pareille heure je fusse encore près de toi. Hier, j'étais bien heureux ! Ô quand donc tous mes instants ; tous ! Se passeront-ils ainsi ? Quand serai-je ton compagnon de tous les jours ? Quand pourrai-je veiller sur toutes les heures de ta vie, sur toutes les heures de ton sommeil ?
Chère amie, il me semble que plus cette heureuse et mille fois heureuse époque approche, plus mon inquiète impatience redouble ! Si tu savais tout ce qui passe dans mon âme quand je songe à toi, à l'immense félicité qui me viendra de toi ! Je cherche en vain des mots, toutes mes idées restent confuses et ma tête n'est plus qu'un chaos d'amour, d'ivresse et de joie. Je crains, en vérité, que le jour où je pourrai m'écrier à la face de tous les hommes : elle est à moi, entièrement, uniquement et éternellement à moi ! Oui, je crains que ce jour-là mon être ne se brise de bonheur.
Victor Hugo