Des dames de compagnie
Les perdrix grises vivent en compagnie de 10 à 20 oiseaux dans les plaines céréalières ouvertes des 2/3 nord de la France.La compagnie peut être une famille bien classique avec deux parents et leurs jeunes de l'année mais elle peut aussi être, signe des temps, une famille recomposée, en fait un groupe d'oiseaux qu'aucun lien de sang n'unit et composé de jeunes et d'adultes que leur instinct à conduit à se regrouper en fin d'été notamment pour des questions de sécurité.
Dans la journée, les perdrix sont le plus souvent immobiles, couchées dans la plaine ou cachées dans un couvert. Elles ne sont vraiment actives que tôt le matin quand elles cherchent à s'alimenter. Le régime alimentaire des adultes est constitué de 20% d'insectes et de vers et de 80% de graines et autres végétaux.
La perdrix grise chante et on dit qu'elle cacabe, qu'elle glousse ou qu'elle pirouitte même si le verbe pirouitter n'a pas encore eu les honneurs de l'Académie et n'est qu'une licence onomatopéo-poétique.
Cette phobie de l'altitude leur vient de fort loin puisqu'on raconte que Tantale, le célèbre Tantale, avait recueilli pour l'aider dans ses multiples travaux, son neveu, le jeune Perdix. Mais bientôt l'élève dépassa le maître et devint si adroit que Tantale en conçut quelque jalousie et choisit de s'en séparer.
En ces temps brutaux, pas de rupture de contrat à l'amiable, il emmena le jeune Perdix au sommet d'une tour et le précipita dans le vide. Au moment où il allait s'écraser sur le sol, Athéna le changea en perdrix et lui sauva ainsi la vie. Depuis les perdrix, qui n'ont pas une tête de linotte et se souviennent très bien de l'histoire, ne volent jamais très haut.
Dès le mois de février, les couples se forment et, il faut bien le reconnaître, c'est un peu chaotique. Il n'est pas si facile de faire le bon choix.
Les oiseaux, que leurs hormones titillent, semblent danser en faisant des sauts sur place, se poursuivent, se battent et ces combats concernent autant les poules que les coqs. Certaines sont de vraies furies.
Quand un couple est formé, ce n'est pas forcément pour bien longtemps. Si un autre coq se présente, les joutes recommencent. Il y a souvent divorce et formation d'un nouveau couple avec l'exil du premier coq. Il se peut aussi que le nouveau venu soit accepté et que le couple se transforme en ménage à trois avec une poule, l'élu officiel de son coeur et un ami de la famille. Ce coq surnuméraire est appelé bourdon, comme l'insecte qui tourne autour des fleurs et les butine. Le bourdon se tient prêt à toute éventualité, tourne autour du couple, particulièrement de la poule, et la lutine parfois.
Les pieux naturalistes du Moyen-Âge réprouvaient sévèrement ces comportements licencieux et ont fait de la perdrix grise le symbole de la débauche et de la luxure. Ils en attribuaient la cause au fait, avéré, que chez la perdrix grise, c'est la poule qui choisit le coq et non l'inverse. Dieu nous préserve, en ce 21ème siècle, de telles conclusions aussi hâtives que sexistes.
Il arrive fréquemment que les oeufs soient détruits par un orage, par des travaux agricoles ou par des prédateurs comme la fouine, la corneille, le geai ou le hérisson. Il est alors fréquent que la femelle fasse une seconde ponte de remplacement pour tenter de sauver la saison.
Nidifuges et insectivores
Les petites perdrix sont nidifuges, c'est-à-dire qu'elles quittent le nid quelques heures après leur éclosion et savent déjà se cacher pour échapper aux prédateurs. Elles commencent à voler au bout de 10 à 12 jours seulement. Quand un danger est annoncé, homme ou animal, les petits se plaquent au sol et demeurent immobiles pendant que leur mère courage piète en traînant une aile, fait un petit vol et retombe en feignant d'être blessée. Le prédateur se pourlèche déjà les babines en voyant cette proie facile, il la suit jusqu'à ce que la perdrix l'ait emmené loin de ses petits et s'envole pour de bon. La ruse n'est pas neuve mais elle marche à tous les coups.Les autres facteurs limitant le développement des populations de perdrix sont essentiellement les mauvaises conditions météorologiques et les prédateurs. S'il pleut ou s'il fait froid au moment des éclosions, les jeunes oiseaux souffrent, leurs petits pieds sont chargés de la terre collante des labours, les pertes son considérables.
Les poules sur le nid sont particulièrement vulnérables et paient un lourd tribut aux renards et aux busards. Plus d'une poule sur deux est victime des prédateurs et, quand il y a une moyenne de 5 jeunes survivants par poule, c'est une très bonne année.
Dicton : A la Saint-Jean (24 juin) les perdreaux sont volants, à la Saint-Denis (9 octobre) les perdreaux sont perdrix.
Article réalisé par Michel Durchon