Nos ancêtres les gaulois
Trois siècles avant J-C la Gaule est baptisée Gallia par les romains ses habitant d'origine celte sont appelés galli (un gallus, des galli).
Les coqs sont aussi appelés gallus sans qu'il existe de rapports entre les fiers guerriers et l'ardeur au combat des gallinacés homonymes. Il semblerait qu'il faille attendre le Renaissance pour que le coq devienne l'animal emblématique de la France. Depuis nous sommes aussi des gallinacés.
Cette révélation aurait de quoi faire pouffer nos amis belges qui s'amusent en constatant avec raison que notre animal n'est jamais aussi beau et impressionnant que lorsqu'il est juché sur un tas de fumier, les deux pattes dans la "merde".
Ils pourraient même légitiment s'en "marrer comme des baleines" mais ils doivent, dans ce cas, se souvenir que s'ils sont belges c'est parce que Jules César les a baptisé belges d'un venant du mot baleine car en les voyant aussi ardents au combat il dit d'eux "ils sont gonflés... gonflés comme des baleines...".
Ex Gallinacés
Pour commencer, vous aurez remarqué que nous parlons de Galliformes et non de Gallinacés. Le terme "Gallinacés" n'est pas employé dans la classification moderne, il est remplacé par le terme "Galliformes" qui désigne un ordre (d'où la terminaison en -iformes), ce dernier étant le plus souvent subdivisé en 4 ou 8 familles selon les auteurs. Nous aborderons la délicate question des familles un peu plus tard, mais présentons d'abord les particularités des Galliformes. Qu'est-ce qui permet de dire : "cet oiseau appartient au même ordre qu'une poule" ?
Présents dans le monde entier
Les Galliformes sont des animaux communs de nos campagnes. On pourra notamment citer la perdix, la caille, le faisan, le grand tétras, le tétras-lyre, le lagopède ou la gélinotte. Mais l'aire de répartition des Galliformes ne se réduit pas à la France, il s'agit d'un vaste groupe contenant plus de 280 espèces réparties dans 70 genres, avec des représentants dans le monde entier.
A forme de poule
D'un point de vue anatomique, les scientifiques ont trouvé des caractères très précis qui permettent d'être sûr de l'ascendance commune de tous les Galliformes.
Je ne rentrerai pas dans les détails, car c'est assez complexe, mais sachez pour mémoire qu'il s'agit de caractéristiques du sternum, de l'humérus et du tarsométatarse (os de la patte).
La poule et l’œuf
D'un point de vue génétique, les recherches ont également prouvé que les Galliformes descendaient tous d'un ancêtre commun. Plus simplement, on remarquera que les Galliformes ont souvent un corps assez massif et une morphologie globale assez homogène, ne manquant pas de rappeler celle d'un poulet. L'ordre des Galliformes est donc bien nommé.
Les colorations, sont, au contraire, très variables, et vont du plumage totalement cryptique aux couleurs éclatantes. Ce dernier point est surtout vrai pour les mâles, car il existe un fort dimorphisme sexuel chez certaines espèces, le paon étant un exemple remarquable. La longueur des plumes de la queue est d'ailleurs exceptionnelle chez d'autres espèces, elle est ainsi très importante chez le faisan, mais ce n'est pas une règle absolue chez les Galliformes. Certaines espèces ont au contraire des plumes très courtes. Notons que le dimorphisme sexuel s'exprime parfois par d'impressionnantes ornementations cutanées sur la tête des mâles, avec notamment le cas du dindon.
La taille varie de 275 grammes (la caille) à près de 10 kilogrammes (le dindon), on a donc une assez grande variabilité selon les espèces. Les becs sont généralement épais et adaptés à picorer des graines ou des racines.
Les jeunes, dont le gésier, cet organe qui broie les graines n'étant pas encore opérationnel, se nourrissent uniquement d'insectes, de larves et de vers.
La longévité varie selon les espèces mais aussi selon les conditions extérieures, les animaux en captivité atteignant des âges-record. Ainsi certaines gélinottes vivent rarement plus de 5 ans dans la nature alors que l'argus géant peut vivre 30 ans en captivité.
Des relations sociales complexes
En ce qui concerne le comportement, les Galliformes développent des relations sociales assez complexes incluant une communication basée sur des chants souvent forts et des postures très particulières.
Le grand tétras est un exemple, mais un simple coq domestique est également une parfaite illustration. Très souvent, les postures de domination ou de défense sont caractérisées par un corps très relevé alors que l'animal s'aplatit sur le sol dans l'acte de soumission. Les attributs des mâles sont particulièrement mis en valeur pendant la parade nuptiale, notamment les plumes (cas du paon, du grand tétras ou encore du dindon) mais aussi les excroissances cutanées ou les couleurs vives. En général, chaque comportement social est associé à un chant, un cri ou un gloussement particulier. Certaines espèces utilisent également les plumes pour produire des sons, en les faisant vibrer ou en grattant le sol.
Des comportements sexuels variés
Les Galliformes peuvent être terrestres ou arboricoles. Si quelques espèces parcourent de longues distances et sont migratrices, ce sont pour la plupart des animaux relativement sédentaires, qui se déplacent en volant de façon ponctuelle.
Le comportement sexuel est très hétérogène dans cet ordre. On trouve des espèces solitaires, des espèces qui vivent en couple et des espèces formant de petits groupes. On rencontre des formes monogames, des formes polygynes (plusieurs femelles pour un mâle) et des formes polygynandres (plusieurs femelles et plusieurs mâles avec des rapports simultanés).
La plupart des espèces construisent des nids, dans les arbres ou à terre.
Mais citons le cas des mégapodes, qui entèrent leurs oeufs dans une sorte d'immense incubateur naturel construit et entretenu 12 mois sur 12 uniquement par le mâle à partir de milliers de brindilles, de tonnes d'herbes et de feuilles. La décomposition, facilitée par le soleil, produit la chaleur nécessaire au développement des oeufs.
Selon les espèces, la femelle dans la nature dépose de 2 à plus de trente oeufs dans l'année. En captivité, une poule pondeuse peut pondre 300 oeufs par an.
Il y a dans le monde, 5 milliards de poules pondeuses (une par habitant) qui tous les ans pondent 1 000 milliards d'oeufs.
Si une ponte est détruite, la femelle (perdrix, faisans) fait un recoquetage, en répondant un nombre d'oeufs souvent inférieur à la ponte initiale. Si la couvée est détruite alors qu'un des oeufs est déjà éclos, il n'y a pas de recoquetage.
Une des particularités des juvéniles qui sont nidicoles, est d'être très tôt capables de se déplacer et de se nourrir, pratiquement dès la sortie de l'oeuf.
Pour observer la plupart des ces caractéristiques, il suffit de se rendre dans une ferme, ce qui nous permet de dire, au passage, que les Galliformes ont été parmi les premiers animaux domestiqués par l'homme, et qu'ils l'ont accompagné dans tous ses déplacements, augmentant encore l'aire de répartition déjà vaste de ces animaux.
La classification
Passons maintenant au sujet qui fâche, les différentes familles de l'ordre des Galliformes.
Les systématiciens ne sont en général jamais d'accord pour le classement des espèces en familles, mais avec les Galliformes, on atteint des records de mésentente. Dans la plupart des cas, les chercheurs optent pour une classification allant de 4 à 8 familles. Je vous propose donc seulement quelques familles importantes, ce qui aura au moins l'avantage d'être moins pénible à retenir.
La première famille à connaître, notamment pour le chasseur, est celle des Phasianidés, car elle contient les faisans, les cailles, les perdrix et, ne l'oublions pas, le paon et notre poule domestique. Cette famille particulièrement présente en Asie, a des représentants et est chassée dans le monde entier.
La famille des Numididés est celle des pintades, la famille des Méléagrididés celle des dindons, et la famille des Tetraonidés contient les lagopèdes, le grand tétras, le tétras-lyre et les gélinottes.
Ces quatre familles sont les plus importantes. Pour ceux qui veulent aller plus loin, notons la famille des Mégapodiidés (les mégapodes, dont nous avons parlé) et les Cracidés, la famille du Hocco.
D'après plusieurs résultats morphologiques et moléculaires, nos canards, cygnes et oies sont des cousins relativement proches.
Quelques Galliformes à connaître
Parmi les espèces incontournables, notons le faisan (Phasianus colchicus), la caille (Coturnix coturnix), la pintade de Numidie (Numida meleagris), la poule (Gallus gallus), le dindon sauvage (Meleagris gallopavo), le grand tétras (Tetrao urogallus), le tétras-lyre (Tetrao tetrix), le lagopède alpin (Lagopus mutus), le paon (pavo cristatus), la perdrix grise (Perdix perdix), la perdrix rouge (Alectoris rufa), la gélinotte des bois (Bonasa bonasia) mais aussi le hocco (Crax fasciolata), gros oiseau très commun au Brésil.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.