Chasser le sanglier
En France, en 2008, il s'est tué 582 000 sangliers. Il y a vingt ans le tableau était 5 fois moindre.
Il y a trop de sangliers ou il n'y a pas assez de sangliers ?
Le problème est compliqué voire insoluble.
Il y en trop aux yeux des agriculteurs qui voient leurs récoltes pillées par les "grandes compagnies" qui leur mangent le blé et surtout le maïs sur le dos.
Il y en a trop aux yeux des particuliers qui les voient envahir sans vergogne leurs jardins voire se baigner dans leurs piscines ; il y en trop aux yeux de la Sécurité routière qui déplorent un nombre croissant d'accidents dans lesquels ils sont impliqués. Il y a trop aux yeux des trésoriers des fédérations de chasses qui sont proches de dépôt de bilan tant les chiffres des indemnités qu'ils doivent aux agriculteurs croissent de façon exponentielles.
Les chasseurs par l'entremise du permis de chasse et de cotisations diverses (achats de bracelets, adhésions obligatoires etc.) subviennent seuls à ces indemnisations qui se montent sur le plan nationale tous gibier confondus à ... pour l'année 2009.
Jusqu'en 1976, les agriculteurs avaient un droit d'affut permanent pour défendre, leurs cultures. Devant les excès en tous genres ayant entrainé la raréfaction inquiétante de l'espèce les autorités transférèrent la gestion de ce cheptel aux organisations représentants les chasseurs. Le contrat incluait en contrepartie du droit de chasse et de la gestion un devoir de régulation et une obligation de prendre en charge les dégâts occasionnés par cet animal devenu gibier à part entière.
Il n'y a pas assez de sangliers aux yeux de certains qui que la nature se régule d'elle-même et que de toutes façons tout acte de chasse est un crime. Il n'y en pas assez aux yeux de chasseurs insatiables qui dépensent des fortunes en agrainant avec des tonnes de maïs ou de betteraves afin de les nourrir, en badigeonnant les arbres avec des onguents comme le goudron de Norvège ou le cru d'ammoniac pour les attirer. Soit dit en passant, ces friandises et ses produits de beauté confèrent à nos bestioles un pouvoir d'achat supérieur à celui de beaucoup d'humains vivants en ce bas monde...
Modes de chasse
Les principaux modes de chasse appliqués au sanglier sont : la battue, la chasse à tir aux chiens courants, la chasse à courre, la poussée, l'affût et l'approche.
La battue même si elle constitue le mode de chasse le plus employé contre les bêtes noires présente un certain nombre d'inconvénients. C'est un mode de chasse dérangeant pour le milieu ou l'on blesse beaucoup d'animaux et où il est difficile d'identifier l'animal lorsqu'il franchit la ligne de tir. Malheureusement, c'est le seul mode de chasse actuel qui permet de maintenir les effectifs de sangliers à un niveau supportable.
La chasse à tir aux chiens courants ne doit pas être confondue avec la battue. Un seul animal est mis sur pied et est l'objet unique de la menée ; les tireurs ne ferment pas l'enceinte mais sont postés aux principaux points de passage. C'est le mode de chasse le plus pratiqué dans les zones de garrigues et de montagne dans le sud de la France.
La chasse à courre. Elle se pratique avec un vautrait et un grand nombre de chiens de grande vènerie.
Un seul animal est chassé à la fois. C'est une chasse très rapide qui peut entrainer les cavaliers à plusieurs dizaines de kilomètres de leur point de départ. Moins de 1% du tableau national est prélevé lors des chasses à courre du sanglier.
La poussée est une petite battue peu bruyante qui se pratique avec un ou deux rabatteurs accompagnés d'un chien ni trop bruyant ni trop rapide.
L'approche et l'affût sont deux modes de chasse silencieuse. Leur pratique est désormais autorisée à partir du mois de juin dans les cultures et sur autorisation individuelle. Le dérangement qu'ils apportent au milieu est réduit au minimum et ils permettent une bonne observation au moment du tir.
Battues administratives
On ne peut parler de tir du sanglier sans évoquer les battues administratives. Ces dernières sont ordonnées par le préfet. Elles sont pratiquées dans les régions où la prolifération des suidés provoque des risques pour la circulation routière ou des dégâts importants aux cultures. Il ne s'agit pas d'actions de chasse mais d'actions de destruction. Elles sont menées par les lieutenants de louveteries.
Manger du sanglier ?
La chaire du sanglier se prête à d'innombrables préparations culinaires qui vont de la hure (tête entière) aux jambons fumées et autres civets. La venaison de l'animal se consomme avec ou sans marinade sachant que la plupart des animaux prélevés à la chasse ont moins d'un an. L'animal pouvant être porteur de trichine, c'est-à-dire infesté par un ver : la trypsine et qui peut être dangereux pour l'homme, il est indispensable de ne pas consommer la viande trop saignante. Bien cuire la viande ou la laissée dans le congélateur quelques jours sont les meilleures précautions pour se prémunir de cette maladie. Pensez-y...
Un sanglier à la maison ?
Attention, la détention d'un sanglier comme celle de tous les animaux sauvages est interdite en France en vertu de l'Article R215-4 du code rural. Cet Arrêté précise que : est puni d'amende le fait pour toute personne qui détient des animaux sauvages en captivité de les placer et de les maintenir dans un habitat ou un environnement susceptible d'être, en raison de son exiguïté, de sa situation inapproprié aux conditions climatiques supportables par l'espèce considérée ou de l'inadaptation des matériels, installations ou agencements utilisés, une cause de souffrance, de blessures ou d'accidents et de les priver de la nourriture nécessaire à la satisfaction des besoins physiologiques propres à leur espèce et à leur degré de développement, d'adaptation ou de domestication.
Où l’observer
Avant de le voir par corps, il est assez facile d'identifier le sanglier par les traces qu'il laisse dans la nature. L'empreinte du sabot est typique, avec les traces des gardes (doigts postérieurs rudimentaires) en forme de faucilles; les territoires fréquemment parcourus présentent des coulées caractéristiques.
Le passage de sangliers à la recherche de nourriture se traduit par un terrain défoncé de manière typique. Les crottes varient selon la nourriture, passant d'une forme allongée à une véritable bouillie. Elles se composent de plusieurs parties appendues ou complètement fondues entre elles. A proximité des bauges, (lieu où le sanglier passe la journée à l'abri), les troncs des arbres sont souvent maculés de boue et l'écorce déchiquetée, car les sangliers se frottent volontiers aux arbres après un bain de boue.
En hiver, les mâles adultes marquent les écorces des arbres de profondes stries pour informer leurs rivaux de leur présence.
L'observation de l'animal est assez facile en France. Dans les régions où il est présent, voir très présent comme dans les départements du Sud Est, en Sologne, en Alsace..., il est courant de l'observer à la tombée de la nuit au bord des routes et des forêts.
On peut également voir l'animal en captivité dans la plupart des parcs animaliers français.
Le sanglier et la route
Les sangliers traversent sans regarder et les hommes conduisent souvent sans faire attention, le résultat de ces imprudences est 17 000 collisions recensées par les assurances en 2008-2009. Ce chiffre ne comptabilise que les accidents avec des véhicules assurés au tiers, il ne tient pas compte des dommages faits à des véhicules assurés tous risques et des collisions n'ayant pas fait l'objet de déclaration d'accident.
Outre l'importance de ces dégâts matériels, il faut malheureusement parfois constater des dommages corporels voire des décès dus à ces collisions avec des sangliers.
Qui est responsable en cas de collision avec un animal sauvage ?
Un animal sauvage est "res nulius" ce qui signifie qu'il n'appartient en théorie à personne et que les dégâts qu'il cause ne font l'objet d'aucune responsabilité civile puisqu'il n'a pas de propriétaire. Pendant longtemps les dégâts ne furent pas remboursés à moins de prouver que l'animal incriminé était au moment des faits l'objet d'une chasse donc par cela devenu la "res propria" des chasseurs donc objet de leur responsabilité civile obligatoire.
Mais depuis 2003, le Fonds de Garantie des Assurances (FGAO) indemnise les dégâts corporels et matériels causés lors de collisions automobiles avec le faune sauvage. Depuis le 1er juillet 2007, l'abattement de 300 euros retenu sur chaque dommage matériel a été supprimé Le FGAO prend donc en charge les dégâts de collision avec les animaux dés le premier euro.
Attention en cas de conflit, on se chargera de vous rappeler de vous devez être maitre de votre véhicule en toutes circonstances.
Que doit t on faire lorsqu’on a tué un sanglier ?
La première chose est de faire en sorte de ne pas être un danger pour la circulation en prenant toutes les dispositions pour signaliser l'accident. Si le sanglier n'est que blessé, il faut prendre toutes dispositions pour ne pas le laisser souffrir en appelant un vétérinaire ou la gendarmerie ou un voisin chasseur.
Attention les sangliers sont incroyablement costauds et durs au mal, il est courant dans voir repartir comme si de rien n'était après un KO d'une bonne demi-heure.
Peut-on garder le sanglier pour soi ?
Une telle attitude relevait autrefois du braconnage. Il était formellement interdit ne serait- ce que de transporter un sanglier ainsi tué dans son coffre. La procédure était de prévenir la Gendarmerie qui devait ensuite acheminer la viande de gibier vers des établissements comme les hospices ou les maisons de retraite.
Pour des raisons de prophylaxie ce circuit parallèle d'approvisionnement est désormais interdit.
L'animal doit être maintenant pris en charge par un équarrisseur ou plus simplement la loi autorise maintenant le conducteur impliqué ou toute autre personne à prendre possession du gibier que le sort a mis à sa disposition.
Conseils pour éviter les collisions
Les panneaux indiquant les zones à risque ne sont pas placés là par hasard, ils signifient toujours une probabilité accrue de rencontre avec u des trois grands de la faune sauvage, sangliers, cerfs, ou chevreuils.
Il convient donc de ralentir, et de multiplier sa vigilance. Il faut conduire lentement en ayant un oeil sur l'horizon pour y chercher les yeux des animaux qui se matérialisent par des points lumineux dans le faisceau de vos phares.
Si les animaux sont déjà sur la route, allumez vos warnings, et régalez vous du spectacle en laissant défiler la compagnie.
Evitez les coups de patins brusques qui vous amèneraient avec l'impact contre le roc, que peut être un sanglier dans ces circonstances, directement dans le fossé.
Enfin en cas d'urgence, si vos réflexes vous en laissent le choix, ne chercher votre salut en lui coupant la route entre la tête et le bas coté mais plutôt en passant dans son dos entre le train arrière et le bord de la route car une fois engagé et affolé un animal fait rarement demi-tour.
Article réalisé par Eric Tournier et Jean-Pierre Fleury.