En France, créer une entreprise n’a jamais été aussi simple. Grâce à l’évolution du marché du travail, de plus en plus de personnes se convertissent à l’entrepreneuriat. 2019 a marqué un tournant radical dans l’histoire de la création d’entreprises. Les chiffres ont atteint un sommet jamais vu. Pour les experts, cette émergence massive de nouveaux business n’est pas nécessairement l’expression de l’engouement des Français pour l’entreprneuriat. Elle traduit aussi une certaine précarisation.
Comme chaque fin d’année, il est bon de faire une petite rétrospective des douze derniers mois afin d’en établir le bilan sur tous les plans. Côté création d’entreprises, les chiffres enregistrés sont impressionnants. Les start-up, micro-entreprises et entreprises individuelles ont connu un bond radical en 2019, un record jamais atteint auparavant. Zoom sur ce phénomène.
De nouvelles entreprises partout
Si l’année 2019 a été marquée par des crises, notamment liées à la réforme de la retraite, certains aspects de la société n’ont pas été touchés. En effet, un bref coup d’œil sur le développement de l’entrepreneuriat durant les onze premiers mois de l’année a permis de réaliser que pas moins de 750 000 nouvelles entreprises ont vu le jour. Révélés par un article publié par Les Echos, ces chiffres dépassent de loin le nombre d’entreprises créées en 2018, qui s’élevait à 691 000. Concrètement, il s’agit là d’un record jamais observé auparavant. Parmi les différents statuts d’entreprises créées se trouvent des sociétés, des entreprises individuelles mais surtout des micro-entreprises. En effet, environ une nouvelle entreprise sur deux arbore ce statut, ce qui fait un total de 400 000 nouvelles micro-entreprises créées, soit 25% de plus qu’en 2018.
Les raisons derrière ce boum entrepreneurial
Pourquoi les Français se sont-ils lancés en masse dans les démarches pour devenir micro-entrepreneur ? Plusieurs facteurs expliquent cette étrange ferveur, notamment la grande flexibilité dont fait preuve ce régime mis en place il y a une dizaine d’années. Avec des fiscalités et des démarches administratives allégées, la micro-entreprise représente une sorte d’échappatoire à la crise économique. En outre, les aides à la création d’entreprises sont de plus en plus nombreuses, souligne Bruno de Moura Fernandes, un économiste chez Coface. Cette facilitation représente un vecteur encourageant la population à la création.
Bon ou mauvais signe ?
Ce brusque engouement peut être interprété de différentes façons. Selon le sociologue Pierre-Marie Chauvin, l’activité entrepreneuriale est perçue par beaucoup comme “source d’épanouissement personnel et mode de réalisation de soi”. D’autres, notamment Pierre-Paul Zalio, auteur du Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat, ont une vision plus sceptique de la situation. Ils considèrent ces chiffres comme “une adaptation forcée aux transformations du monde du travail”. Dans tous les cas, en dépit de ce nombre faramineux, très peu parmi ces nouvelles entreprises survivent longtemps. Certaines disparaissent à peine trois ans après leur création. Dans tous les cas, le gouvernement encourage la population à se lancer, notamment avec la suppression du stage payant obligatoire, mais aussi avec les aides financières à la création.