La médecine demeure à ce jour l’une des filières d’étude les plus plébiscitées par les étudiants à l’issue de leur parcours scolaire. Cependant, les branches de la médecine ne bénéficient pas toutes du même degré d’attractivité. La psychiatrie fait notamment partie des spécialisations les plus délaissées.
Le milieu français de la psychiatrie est déficitaire. Pour cause, de moins en moins d’étudiants optent pour cette spécialisation lors des épreuves nationales classantes. La mauvaise image associée à la nature du métier de psychiatre y est pour beaucoup. Décryptage.
Une pénurie dans le domaine de la psychiatrie
Quand un étudiant aspire à une carrière de médecin, il a rarement le titre de psychiatre en tête. Cette voie de carrière est davantage axée vers la chirurgie, la dermatologie ou la médecine générale. La psychiatrie se présente rarement comme premier choix. Ce désintérêt a pour conséquence une pénurie de psychiatres hospitaliers au niveau national. Bien que la France affiche l’une des densités de psychiatres les plus élevées du continent, une disparité départementale non négligeable est mise en lumière. Certaines régions reculées souffrent d’un véritable désert en psychiatrie tandis qu’ils sont une vingtaine de spécialistes pour 100 000 habitants dans la capitale. En somme, environ 30 % des postes de praticiens hospitaliers en psychiatrie sont actuellement vacants, sans possibilité de les remplir. L'inadéquation entre l’offre et la demande se creuse davantage au fil des années.
La psychiatrie souffre d’une mauvaise image
Si beaucoup affluent vers les métiers de chirurgiens ou de vénérologues praticiens, très peu choisissent volontairement de se spécialiser en psychiatrie. Plusieurs raisons justifient ce désamour par défaut à l’égard de la psychiatrie, notamment les idées reçues et les préjugés qui sont largement diffusés à son propos. Ainsi, pas moins de 56% des étudiants en médecine perçoivent les internes en psychiatrie comme étant des personnes “bizarres” ou “à antécédents psychiatriques” selon un sondage de 2015. Beaucoup sont également convaincus que les médecins psychiatres ne sont pas vraiment des médecins qui sauvent des vies avec la réanimation, des auscultations et des traitements. En soi, la psychiatrie souffre d’une mauvaise image accentuée par la vision tronquée de la société quant à la véritable nature du métier.
Redorer le blason de la psychiatrie
Les années qui se succèdent voient la psychiatrie tomber dans les rangs inférieurs des choix de spécialité à l’issue des épreuves nationales classantes. Sur les 44 spécialités médicales ouvertes, la psychiatrie s’est tenue à la 40e position en 2020. Les postes d’internes en psychiatrie ne sont que rarement remplis et la pénurie s’est davantage aggravée depuis 2019 avec 17 % de postes vacants. Outre la mauvaise réputation dont souffre cette spécialisation, l’absence de stage obligatoire en psychiatrie contribue à son manque d’attractivité. Beaucoup d’étudiants se contentent ainsi de l’image biaisée qu’ils ont de la psychiatrie, sans s’offrir la chance de découvrir le métier. Les associations de jeunes psychiatres tentent de renverser cette tendance, sachant que le secteur de la santé est en première ligne des métiers porteurs d’ici 2030.