Bien-être animal : les cirques font débat
Publié leDe Montpellier à Vichy, des pétitions et certains maires manifestent leur opposition face aux cirques qu'ils ne veulent plus. Après la liquidation judiciaire du Cirque Pinder, pilier de la tradition française, et l’arrêt de l’utilisation d’animaux dans le cirque Joseph Bouglione, est-il venu le moment de tirer un trait sur les cirques traditionnels ? Quel avenir réserver aux cirques ?
La liquidation du Cirque Pinder, signe de mauvais augure ?
Le 2 mai sonne le glas du Cirque Pinder, placé en liquidation judiciaire. Gilbert Edelstein, son patron, explique que cette liquidation était inévitable en raison d’une baisse importante du chiffre d’affaires, suite à la perte de fréquentation. D’un autre côté, le cirque Bouglione s’engouffre dans des conflits familiaux, en raison de la décision nouvelle d’André-Joseph Bouglione de ne plus utiliser d’animaux dans son cirque. Comment imaginer, alors, le cirque de demain ? Doit-on entrevoir une lente mort des cirques traditionnels ? Quant au cirque Gruss, leurs numéros avec les animaux se réduisent. Le cirque se réinvente avec des drones et des costumes lumineux.
Ce renouveau du cirque va de pair avec la décision de maires d’interdire les cirques avec animaux sur leur territoire, à l’instar du maire de Montpellier. Ces refus s’expriment autrement par des pétitions, comme c’est le cas à Vichy.
Une inadaptation des animaux scientifiquement prouvée
Des animaux apprivoisés et non domestiqués
Les cirques sont de plus en plus pointés du doigt par les défenseurs de la cause animale, et pour cause, ces structures leur semblent incompatibles avec le bien-être des animaux. Bien que certains cirques les traitent bien, le déséquilibre existant entre les conditions de vie des animaux de cirques et les besoins des animaux sauvages est indéniable. Cette théorie est défendue par des scientifiques qui expliquent l’impossibilité pour les animaux de subvenir à leurs besoins vitaux dans de telles conditions. Ils s’opposent ainsi aux défenseurs des cirques qui proclament que ceux nés et élevés en captivité n’ont alors pas ces mêmes besoins. Ces scientifiques soulignent, pourtant, que les animaux sauvages de cirques ne sont pas domestiqués mais apprivoisés, ce qui entraîne une différence importante. Ainsi, on parle d’animaux apprivoisés par des dresseurs car ils vivent au contact de l’homme. Parler de domestication revient à englober l’espèce entière, qui est alors modifiée génétiquement et dans son comportement au fil des générations. Les animaux de cirques n’étant pas domestiqués, ils ont toujours le patrimoine génétique de leur espèce et les besoins qui en découlent.
Des conditions inadéquates à leurs besoins
Il en résulte une frustration et une souffrance inhérentes aux conditions de détention de tels animaux. À cela s’ajoute le confinement, inadéquat, qui entraîne des stéréotypies, à savoir la répétition de mouvements témoignant d’un mal-être. C’est le cas des éléphants notamment qui supportent mal la captivité, mais aussi des tigres et ours, enfermés dans des cages trop petites pour leur taille et donc leur bien-être. L’élevage des animaux de cirques entraîne aussi une séparation des petits et de la mère avant que ces derniers ne soient complètement sevrés. Ainsi, leur sensibilité au stress est amplifiée. D’autre part, leur vie sociale n’est pas organisée comme dans la nature, ce qui les perturbe grandement. Les représentations les frustrent à cause des stimuli sonores, visuels et olfactifs. Les postures adoptées ne leur sont pas familières et peuvent les blesser. Le dressage s’accompagne aussi de souffrance pour eux. Enfin, les déplacements obligés des cirques itinérants, parfois longs, exposant les animaux à des conditions particulièrement inconfortables, s’ajoutent aux arguments promus par les défenseurs de la cause animale en faveur d’une interdiction des cirques.
Un détournement croissant de l’opinion publique
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et amènent à la conclusion que le cirque ne fait plus rêver. La sensibilité du public évoluant, l’exploitation des animaux sauvages est de plus en plus mal vue, faisant des cirques un monument en péril. Ce qui fut l’un des piliers du spectacle vivant accueille de moins en moins de spectateurs d’années en années. Le Cirque Pinder peut tenir lieu d’exemple. Gilbert Edelstein explique que sa fréquentation est passée de 7,5 à 5,2 millions d’entrées par an. Certains cirques se voient dans l'obligation de fermer, comme le cirque Barnum. La sensibilité au bien-être animal n’est pas la seule raison de ce détournement. On compte également la crise économique, qui contraint les Français à rogner leur budget loisirs.
L'interdiction des animaux dans les cirques : la France à la traîne
Le site de 30 Millions d’Amis recense les pays ayant aboli le cirque avec animaux sauvages et ceux l’ayant interdit partiellement. Le Royaume-Uni, dernier en date, vient d’annoncer que d’ici 2020, les animaux sauvages seraient interdis dans les cirques britanniques. Cette décision est le fruit de 5 années de réflexion et de promesses, qui aboutissent à la victoire et à la joie des défenseurs de la cause animale. Pointant du doigt la maltraitance et des conditions inquiétantes, ceux-ci se battent dans chaque pays pour en venir à l’interdiction, comme c’est le cas en Belgique, en Grèce, en Italie, ou encore au Liban pour ne pas citer toute la liste. On dénombre 42 pays dans le monde, dont 22 européens, qui ont tourné la page du cirque exploitant les animaux. Parmi ceux ayant interdit partiellement les cirques avec animaux – comprendre l’interdiction de certaines espèces, ou l’interdiction non dans le pays entier mais dans quelques villes – on retrouve l’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne, le Canada, et des villes internationales comme New-York, Madrid, Los Angeles ou San Francisco.
Et la France dans tout ça ? Elle ne figure toujours pas parmi les pays ayant interdit au niveau national les animaux sauvages dans les cirques. Il y aurait actuellement une soixantaine de villes françaises interdisant la venue de cirques avec animaux sur leur territoire. Malgré l’émoi grandissant parmi l’opinion publique, la France est le mauvais élève européen.
Vers un cirque sans animaux ?
C’est bien la décision prise par André-Joseph Bouglione, directeur du cirque Joseph Bouglione et descendant d’une famille de dompteurs, après avoir proclamé que « pour les animaux, la cage, c’est la prison à perpétuité ». Cette citation s’inscrit dans son livre intitulé Contre l’exploitation animale. Il indique par ailleurs que « c’est par amour des animaux et par respect du public que j’ai arrêté. J’ai vu un sondage qui indiquait que 80 % des Français étaient sensibles à la cause animale. (...) On ne peut pas continuer à faire un spectacle qui les dérange. » Ainsi la piste d'une nouvelle génération de cirques sans animaux voit le jour, quittant les chapiteaux pour s'installer dans les théâtres. Le Cirque Plume, par exemple, est adepte d'un spectacle vivant, avec musiciens, danseurs et acrobates. La conclusion est claire selon la présidente de 30 Millions d'Amis, Reha Hutin : « Le public n'accepte plus de voir des animaux dans les cirques. Le combat que nous menons depuis dix ans a porté ses fruits. La fin de l'exploitation des animaux dans les cirques est inéluctable. »
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