Les daims dans la littérature
Horace, poète latin 1er siècle avant J. C, l'appelle impavidus, le timide. Il lui dénie ainsi toute qualité de ruse ou de courage devant les chasseurs et leurs chiens.
Gaston de Foix dans son Grand Livre de la Chasse, au 15ème siècle ne le décrit qu'en comparaison avec le cerf :
"Sa chair est, pour les chiens plus savoureuse et plus facile que celle du cerf. C'est pourquoi ils chassent plus volontiers le daim. Quand ils courent le cerf, ils font volontiers change sur un daim (quand ils chassent un cerf à courre, ils l'abandonnent facilement quand ils rencontrent la piste d'un daim)".
Coquillart, au 15 ème siècle écrit "écervelés comme de beaux daims"
Lagurne, un siècle plus tard, dans Pérégrinations d'Amour : ... Par leur agilité semblaient un beau troupeau de dames (de daims).
Olivier le Daim, barbier de son état, est souvent décrit par les historiens comme ayant était l'âme damnée de Louis XI.
Le daim en lui-même n'a jamais vraiment inspiré les écrivains (sauf à l'occasion d'erreur de traduction de l'anglais au français où le mot deer est à tort traduit par le mot daim). Il n'a pas la majesté d'un cerf, la joliesse d'un chevreuil ou la force brutale d'un sanglier. Comme dans ce texte de Buffon qui suit seules sont souvent mises en avant la qualité de sa venaison et sa propension à se plaire en captivité.
Leclerc de Buffon : Histoire Naturelle Générale Tome sixième
"Aucune espèce n'est plus voisine d'une autre que l'espèce du daim l'est de celle du cerf ; cependant ces animaux, qui se ressemblent à tant d'égards, ne vont point ensemble, se fuient, ne se mêlent jamais, et ne forment par conséquent aucune race intermédiaire : il est même rare de trouver des daims dans les pays qui sont peuplés de beaucoup de cerfs, à moins qu'on ne les y ait apportés ; ils paraissent être d'une nature moins robuste et moins agreste que celle du cerf, ils sont aussi beaucoup moins communs dans les forêts : on les élève dans des parcs où ils sont, pour ainsi dire, à demi domestiques. L'Angleterre est le pays de l'Europe où il y en a le plus, et l'on y fait grand cas de cette venaison."
Dans son Traité des Aliments Lémery écrit au 18ème siècle : "on tient que sa chair est nourrissante, qu'elle fait un bon suc, qu'elle est propre pour apaiser la paralysie et les douleurs de la colique. Son sang aussitôt bu qu'il est tiré apaise les vertiges, son fiel est détersif et propre à emporter les cataractes et à dissiper les nuages des yeux. Son foie arrête le cours de ventre".
Le Dictionnaire Larive et Fleury dans son édition de 1887 le définit :
Daim, nom populaire du bouc dans certaines régions de France.
Puer comme un daim, exhaler une très mauvaise odeur.
Étymologie
Le mot daim est issu de dama en latin. Dama n'a rien à voir avec la ville de Damas et une quelconque révélation. La ville de Damas tient son nom du mot arabe sham qui veut dire Nord. Dama, viendrait du celte... Cette origine est sujette à caution car il y a 2500 ans, quand le vocabulaire faisait son apparition il n'y avait guère de daims là où vivaient les celtes (exceptée peut être la région actuelle de Bilbao). Tout comme est improbable l'idée que les daims tiendraient leur nom du fait qu'ils seraient le gibier des dames.
En anglais, il s'appelle fallow-deer. Fallow est un mot désuet pour désigner sa robe rouge, jaunâtre.
Autrefois il s'appelait dama platiceros, platiceros celui qui a des "cornes" plates.
En règle générale, les anglo-saxons appellent deer bons nombres de cervidés et même certaines antilopes. Le roedeer est le chevreuil, le reindeer est le renne, le musk-deer est le porte-musc.
La viande de daim est appréciée. Les anciens traités précisent qu'elle est meilleure en été avant le rut. Pendant cette période elle est inconsommable, tellement elle sent le bouc.
Le cuir du daim est depuis fort longtemps utilisé comme couverture des "beaux livres" des éditions anciennes.
Cette peau est souple et résistante. Elle servait, indique Joseph Oberthur dans "Gibier de notre pays", à la confection des gants les plus souples et les plus onéreux, on en faisait autrefois des culottes de cheval. La peau de daim actuelle est encore plus chère mais c'est du mouton... !
Où voir des daims ?
En liberté
Les daims sauvages en France, sont cantonnés à la forêt de l'Illwald en Alsace.
En Europe, ils sont présents en Espagne et dans de nombreux pays de l'Est.
Dans les parcs
Les daims sont les vedettes de tous les parcs animaliers tant ils sont faciles à élever. Les jeunes faons, élevés avec du lait de vache ou de chèvre, deviennent très joueurs et suivent leurs maitres comme des chiens.
Le daim aimerait la musique. Il paraitrait même qu'un daim sauvage s'approche quand on sonne de la trompe.
Il n'y pas très longtemps des hardes, plus ou moins naturelles, vivaient dans les régions boisées autour de Paris. Entre les deux guerres celles du Bois de Boulogne a été "déplacée" car elles causaient trop de gène à la circulation automobile.
Indices de présence
Le pied du daim ressemble en plus petit à celui du cerf. On garder le moyen mémotechnique valable pour celui-ci, le mâles portent des grosses chaussures aux bouts arrondis, la femelle plus élégante porte des escarpins aux extrémités plus fines et allongées.
Les crottes du daim sont identiques mais plus petites que celles du cerf. Attention elles peuvent parfois ressembler aux moquettes du chevreuil.
Les daims lorsqu'ils sont arrêtés par une clôture, même s'ils peuvent facilement la sauter on l'habitude de la forcer en tentant de passer dessous. Ils y laissent alors des poils qui sont une signature caractéristique.
Les daims et les mots
La femelle du daim est la daine. Les petits sont comme chez les cerfs des faons à la naissance, puis des hères, puis des daguets quand ils prennent leurs premiers bois.
Le daim lorsqu'il crie, il rée, rait, brame ou râle.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.