Ours polaires et les hommes

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Les ours blancs sont armés pour inspirer le respect
Les ours blancs sont armés pour inspirer le respect
Les animaux et l'ours polaire en particulier ont toujours joué un rôle central l'univers spirituel des peuples du Nord.

Les ours blancs et les Inuits

Dans la mythologie inuit, l'ours blanc tient une place prépondérante au niveau des croyances et du sacré. Les Inuits n'avaient pas de Dieux, mais des figures, ou encore des esprits. Parmi ces esprits, on trouve Nanuq (ou Nanuuq, Nanook), maître des ours polaires. L'ours était particulièrement admiré pour sa force et son ingéniosité. Ainsi la mythologie inuit nous livre de nombreux récits où les ours contribuent de manière bénéfique aux humains. C'est l'aspect dynamique de l'animal qui séduit les Inuits, et qui fait de lui l'objet de toutes sortes de manipulations conceptuelles par l'homme.
Concurrent sexuel de l'homme, objet du désir maternel, recours pour les opprimés, dispensateur du gibier et des savoirs, agent au service des puissances invisibles ou exécutant de quelque esprit malveillant. Ainsi, de nombreux récits relatent l'intervention d'un ours dans la réintégration de personnes exclues de la communauté (orphelin, vieille femme, chasseur infortuné).

Famille inuit dans un iglou
Famille inuit dans un iglou

Dans les légendes transmises par la tradition orale, on assiste souvent à un phénomène d'échange de l'identité humaine contre celle de l'animal, afin de quintupler sa force ou d'échapper aux contraintes du milieu.
Il est conté qu'autrefois il suffisait aux ours d'enlever leur peau pour devenir humain, et inversement, un homme qui revêtait un manteau en peau d'ours devenait lui-même ours.
La mythologie et les croyances inuites font de Nanouk un symbole de force et de puissance : ainsi, le manche du fouet qui était offert au jeune en âge de devenir chasseur était l'os pénien d'un ours blanc.
La médecine esquimaude traditionnelle attribuait également des vertus curatives à l'animal et soignait la stérilité des femmes en leur faisant absorber un pénis d'ours blanc.
L'ours peut également être l'instrument d'esprits maléfiques (dans les légendes groenlandaises), et devient alors un messager de vengeance et de mort. La similarité du mode de vie des deux plantigrades explique, dans la plupart des mythes, le désir de réunir les deux espèces et faire tomber les barrières qui les séparent, généralement par le mariage ou l'adoption. Mais la nature s'y oppose, en sanctionnant cette union par un échec, sous la forme d'un meurtre ou d'une exclusion sociale. Les rapports de l'homme avec cet animal ne pouvaient toutefois qu'être conflictuels, tous deux occupants le sommet de la pyramide écologique. En faire une figure mythique, c'était le rendre accessible, dissimuler la crainte qu'il inspire. À tel point que, dans la mythologie esquimaude, les mariages entre hommes et ours n'ont rien d'exceptionnel.
L'ours est tout naturellement associé à l'astre de la nuit : l'homme-lune, sorte de patron des chasseurs, glisse sur la banquise dans un traîneau tiré par les ours.
L'image du grand prédateur est également utilisée comme emblème de région (le Groenland).
La pièce canadienne de 2 dollars représente elle aussi un ours blanc et ce dernier a été choisi comme mascotte pour les J.O. d'hiver à Calgary en 1988.

Danger pour l’homme

Couverture de l'Intrépide en 1916
Couverture de l'Intrépide en 1916

Attention là encore aux opinions tranchées qui sont affirmées par des experts ayant les mêmes références et le même potentiel de crédibilité. Les uns pratiquent l'angélisme et nient tout problème, les autres en fond des monstres qui enlèvent les petits enfants.
La liste des accidents impliquant des mères suitées ou des animaux malades ou blessées est bien réelle et doit inciter à la prudence.

Couverture de l'Intrépide en 1917 illustrant les conséquences désastreuses entre les hommes et les ours
Couverture de l'Intrépide en 1917 illustrant les conséquences désastreuses entre les hommes et les ours

Voici les conseils donnés par les gardes canadiens
Ne nourrissez jamais des ours polaires ni aucun autre animal sauvage. Les ours qui goûtent à notre nourriture associent les humains à la nourriture. Ils peuvent ainsi perdre leur tendance naturelle à nous éviter et se mettre à rechercher expressément la nourriture humaine. Cela peut avoir pour vous et pour l'ours des conséquences désastreuses; en effet, les ours qui associent l'humain à la nourriture sont plus susceptibles d'attaquer des visiteurs et de devoir être transportés ailleurs ou abattus.

Répartition

Panneau visible à Churchill, Manitoba au Canada
Panneau visible à Churchill, Manitoba au Canada

L'ours blanc est considéré pour beaucoup comme un mammifère marin.
Son nom Ursus maritimus veut dire ours des mers.
Il a une répartition exclusivement circumpolaire et préfère les régions de glace annuelle.
Sa préférence pour cet habitat est étroitement liée à la présence de ses proies favorites, les phoques. Chaque année à cause du dégel de la banquise, l'ours parcourt parfois près de 1000 km du Nord au sud. L'ours blanc se trouve surtout le long des régions côtières de l'Arctique et dans les chenaux situés entre les îles des divers archipels, ou groupes d'îles, de la zone polaire Nord..
Quelques ours blancs sont régulièrement observés aussi loin au sud que Terre-Neuve-et-Labrador et, à l'occasion, dans le golfe du Saint-Laurent pendant les années où de lourdes banquises dérivent plus au sud que d'habitude.
L'une des trois régions les plus importantes du monde pour la mise bas de l'ours blanc se trouve au Canada, près de Churchill (Manitoba) sur la côte ouest de la baie d'Hudson. Les deux autres sont sur l'île Wrangel, en Russie, et sur l'île Kong Karls Land, près de Svalbard, en Norvège, dans l'océan Arctique.
Aujourd'hui, la population mondiale est estimée à environ 20 000 - 25 000 (U.IC.N., 2006) Mais si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, la réduction de l'habitat de l'ours polaire due à la fonte de la banquise pourrait conduire, selon certains scientifiques, à sa disparition complète dans une centaine d'années.
 

L'ours polaire a des beaux jours devant lui à condition…
L'ours polaire a des beaux jours devant lui à condition…

Menaces et protection
Bien que les ours blancs ne soient pas en voie de disparition imminente, certaines menaces communes à tous les grands prédateurs pèsent sur eux : l'empiétement de l'homme sur leur habitat, le braconnage et la présence de contaminants chimiques dans leurs proies. De plus, le réchauffement du globe, ou changement climatique, a des répercussions sur l'habitat de l'ours blanc. Il réduit en effet la couverture de glace de l'Arctique, il amenuise la banquise du bassin polaire central et il change le moment de la prise de la glace et de la débâcle dans les régions les plus au sud, comme la baie d'Hudson. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné l'ours blanc (l'ours polaire) comme une espèce préoccupante au Canada en raison de sa vulnérabilité aux activités humaines et à certains phénomènes naturels. La conservation de l'ours blanc nécessite une collaboration internationale, car plusieurs populations sont réparties entre différents pays, et des problèmes, tels que les contaminants et les changements climatiques, touchent l'ensemble de l'Arctique. Depuis 1965, un groupe international de scientifiques spécialisés dans l'étude de l'ours blanc coordonne les activités de recherche et de gestion relatives à l'ours blanc dans tout l'Arctique, sous l'égide de l'Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN). Les cinq pays se partageant la population mondiale d'ours polaires, soit le Canada, les États-Unis, le Danemark (via le Groenland), la Norvège et la Russie ont signé en 1973 un accord international sur la conservation des ours blancs (polaires) et leur habitat. Cet accord indique que ces pays doivent "agir comme il convient" pour protéger l'ours blanc et son habitat.

Y a-t-il un endroit dans ce monde où il n'y ait de déchets plastiques
Y a-t-il un endroit dans ce monde où il n'y ait de déchets plastiques

L'ours blanc fait partie de la liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Auparavant classé dans la catégorie "risque faible, dépendant des efforts de conservation" selon la liste rouge établie en 1996, l'ours blanc est désormais classé dans la catégorie "vulnérable" On estime que l'espèce pourrait disparaitre d'ici un siècle à cause d'une réduction de la superficie et de la qualité de son habitat.
De plus, les matières toxiques répandues dans la mer sont consommées par le phytoplancton puis le zooplancton qui est à son tour consommé par les poissons, qui sont eux-mêmes mangés par les phoques, ces derniers étant la proie des ours. C'est ainsi que les ours emmagasinent les poisons qui se sont accumulés dans l'organisme des animaux qui constituent leur chaine alimentaire. On estime que 200 à 300 tonnes de mercure transitent vers les pôles via les courants marins et les vents. Les populations locales ainsi que l'ours polaire ont des concentrations de ce métal, toxique pour le système nerveux et pouvant causer des anomalies congénitales, plus élevées que la moyenne mondiale...
L'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz sont également à considérer comme des menaces pour les populations.

Réalités de la menace
Sans dénier les problèmes écologiques, les scientifiques canadiens évoquent des chiffres dont il est difficile de ne pas tenir compte : la population actuelle d'ours polaires a décliné de 25 000 à 22 000 mais il y a encore 50 ans cette population était de seulement de 8 000 à 10 000 individus. Cette augmentation des populations est attribuée aux restrictions dans la chasse aux ours polaires. Sur les 13 populations d'ours polaires au Canada, 11 sont stables ou en croissance.
Ils prétendent aussi que si les ours sont moins lourds qu'autrefois c'est parce qu'ils, étant plus nombreux, se partager davantage la ressource alimentaire. Affaire à suivre...

Où observer l’ours

Dans les zoos, les ours polaires font le show
Dans les zoos, les ours polaires font le show

Outre le site bien connu de Churchill, au Canada, sur la baie d'Hudson qui permet d'observer de la fin de septembre à la mi-novembre les ours à l'état sauvage, d'autres lieux moins connus peuvent être également très intéressants. C'est le cas, en particulier du Polar Bear Provincial Park sur la baie James, (Canada) du parc national d'Auyuittuq en terre de Baffin (Canada) et du Sitzberg dans l'archipel du Svalbard (Norvège).
En France, quelques zoos présentent des ours polaires en captivité. On peut citer le Zoo de la Palmyre en Charente maritime. www.zoo-palmyre.fr

Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.