Petite histoire du film de gangsters
En France, le film de gangsters fait une apparition discrète à partir de 1914 avec la saga Fantomas, de Louis Feuillade. Mais le style de l'intrigue de ces longs métrages reste alors assez confidentiel et rares sont les réalisateurs à le reproduire. Même configuration en 1922 à la sortie du film Le Docteur Mabuse, de Fritz Lang. Il faudra attendre la crise de la prohibition en Amérique (1919 – 1933) pour voir le genre - sur fond de crime organisé, de batailles de clans et de corruption - faire des émules. Dans la vicissitude des années 1930, le gangster apparaît alors comme une alternative séduisante à l'existence fade, poussiéreuse et misérable de nombreux spectateurs.
Entre 1930 et 1935, le film de gangsters devient un genre dominant, avec des œuvres phares comme L'Ennemi Public (William Welllman), Le Petit César (Mervyn LeRoy) et bien sûr Scarface (Howard Hawks). Toutefois, les metteurs en scène d'alors prennent un soin tout particulier à rendre ces truands aussi fous qu'abjects, comme en témoigne le diabolique Cody Jarrett dans L'Enfer est à lui, de Raoul Walsh. Mais dans une société gangrénée par la crise, ces efforts ne suffisent pas à écœurer une population dont l'ultime désir est alors d'assister au cinéma à une explosion de violence. Ainsi, plus d'une cinquantaine de films de gangsters verront le jour au cours de la seule année 1931.
Avec son film Les Fantastiques Années 1920, Raoul Walsh signe en 1939 une œuvre dont le but est de souligner que le gangster n'est autre qu'une caricature du rêve américain. Dès lors, tous les héros du genre connaîtront un destin tragique (cf. La Grande Evasion ; Quand la ville dort, etc.). Mais la fascination pour le gangster n'aura de cesse au fil des diverses dépressions de faire son retour, notamment dans les années 1970 (cf. Le Parrain) et 1980 - 1990 (cf. Pulp Fiction ; Les Affranchis, etc.). On notera depuis une petite décennie l'émergence de films abordant de façon critique la violence ordinaire qui se joue dans les gangs (cf. Gomorra ; Sin Nombre, etc.). De Scarface à La Nuit nous appartient, découvrez notre sélection des meilleurs films de gangsters.
Scarface, d'Howard Hawks
Chicago, durant la période de la prohibition. Tony Camonte, homme de main et garde du corps du puissant gangster Big Louis Costillo, assassine son patron alors qu'il se trouvait seul dans un bar. Arrêté par la police avec son coéquipier Guido Rinaldo, il ne tarde pas à être remis en liberté, faute de preuves. Peu de temps après, Camonte est promu par son nouveau boss au rang de lieutenant. Ce dernier, Johnny Lovo, lui conseille de ne pas top s'aventurer dans la zone nord de la ville, sur laquelle règne une puissante bande rivale.
Un peu comme le fera plus tard le personnage d'Henry Fonda dans Il était une fois dans l'Ouest, Tony Camonte est avide d'une sorte de raffinement social, qu'il recherche auprès de ses patrons successifs. Ce récit de l'ascension d'un caïd peu scrupuleux, fortement inspiré du célèbre Al Capone, fit à l'époque grand bruit. Pour satisfaire la censure, le cinéaste Howard Hawks fut contraint de réaliser trois fins différentes et d'insérer quelques dialogues (cf. passage au cours duquel le commissaire compare les gangsters à des rats ; moment où le directeur de l'Evening Record explique comment combattre le gangstérisme). Par ailleurs, la jalousie quasi incestueuse que Tony ressent pour sa sœur (inspirée de l'histoire des Borgia) donna lieu à une vive polémique. Outre son brillant mélange des genres (comédie, action, drame social, drame personnel, etc.), Scarface retient l'attention pour ses magnifiques plans séquences (celui du début du film est l'un des plus virtuoses de l'histoire du cinéma). Enfin, le long métrage contient son lot de symboles, comme le panneau publicitaire sur lequel on lit The World is Yours depuis la fenêtre de Tony Camonte, ou encore le calendrier qui s'effeuille durant une fusillade, image d'une guerre des gangs qui n'en finit pas.
Dans le même genre : Scarface, de Brian de Palma, 1983
L'Enfer est à lui, de Raoul Walsh
Après avoir attaqué un train postal et abattu deux convoyeurs de fond, le bandit Cody Jarrett s'enfuit avec 300 000 dollars. Rapidement informé, le FBI se lance à sa poursuite. Meurtrier psychopathe, Cody n'est jamais vraiment parvenu à se séparer de sa mère, pour laquelle il ressent un amour absolu, au préjudice de sa propre compagne, Verna. Afin de brouiller les pistes des enquêteurs, celui-ci s'accuse d'un délit mineur pour lequel il purge une peine de prison de deux ans, dans le pénitencier de Springfield, dans l'Illinois…
Au-delà de son incroyable mise en scène et de ses superbes prestations d'acteurs, L'Enfer est à lui est le film de gangsters crépusculaire par excellence. Dix ans après s'être illustré au cours de la période classique du genre avec l'excellent Les Fantastiques années 1920, le réalisateur Raoul Walsh donne une image radicalement différente du bandit. Exit la dimension financière du gangster, ce dernier ne constitue plus, à l'issue de la seconde guerre mondiale, une alternative possible à la crise. A cette période, l'Amérique retrouve d'ailleurs la prospérité et le malfaiteur n'est plus vu autrement que comme un perdant. A noter que L'Enfer est à lui peut à la fois être considéré comme un film policier (les agents du FBI y sont glorifiés et mis en avant) et un film de prisonnier (la partie centrale de l'intrigue se déroule derrière les barreaux). Enfin, le personnage de Cody Jarrett est l'un des psychopathes les plus machiavéliques jamais créés. Mention spéciale pour l'illustration de cette névrose, très avant-gardiste pour un film de 1949. Brillant, de bout en bout.
Dans le même genre et du même réalisateur : Les Fantastiques années 1920, 1939 ; La Grande Evasion, de Raoul Walsh, 1941.
Traquenard, de Nicholas Ray
À Chicago, durant la prohibition des années 1930, les gangs règnent sur la ville d'une main de fer et conspuent la loi sans que jamais personne n'ait son mot à dire. Thomas Farrell, éminent avocat au service du gangster redouté Rico Angelo, un ami d'enfance, croise à une soirée une belle danseuse nommée Vicki Gaye. Tandis que le bras droit de Rico, Louis Canetto, insiste lourdement pour attirer l'attention de la jeune femme, Thomas la raccompagne chez elle. Vicki remarque alors la claudication de l'avocat, contraint de se déplacer à l'aide d'une canne. Arrivée dans son appartement, elle découvre que sa colocataire s'est suicidée dans la baignoire.
Magnifique CinémaScope signé Nicholas Ray (La Fureur de vivre, Johnny Guitare, etc.), Traquenard suit l'histoire d'un homme mutilé par sa compromission morale. Cette claudication qui le ronge symbolise en réalité le choix qu'il a fait de défendre un homme malfaisant sous prétexte qu'il s'agit d'un "ami d'enfance". En découvrant l'amour grâce à Nicki, Thomas prend conscience de sa déroute et décide alors de guérir son infirmité (qu'il pensait incurable) en même temps qu'il projette d'abandonner son employeur. Nicki et Thomas parviennent à surmonter les échecs et trouvent ainsi un chemin vers la quiétude, envers et contre les crapules et autres bouteilles de vitriol qui vous défigurent. Rarement le réalisateur Nicholas Ray aura fait preuve d'une telle inclination pour l'existence, aussi périlleuse soit-elle.
Le Parrain 2, de Francis Ford Coppola
1958. Depuis la mort de son père Don Vito Corleone, Michael Corleone dirige la "famille" avec une obstination sans pareille. Flash-back : 1901, Vito Andolini, neuf ans, assiste avec son frère Paolo aux obsèques de leur père dans le village de Corleone en Sicile. Ce dernier s'est fait assassiner après avoir offensé un patron de la mafia locale. Paolo, qui s'est juré de venger la mort de son père, est lui-même abattu au cours de la procession funèbre. Bientôt, la mère de Vito vient supplier Don Ciccio de laisser en vie son dernier fils, Vito. Mais celui-ci refuse et la tue. Pendant ce temps, le jeune Vito parvient à s'enfuir. Quelques temps plus tard, il débarque à Ellis Island, où on lui donne le nom de sa ville natale, Corleone.
Si Le Parrain 2 est bel et bien la suite du film Le Parrain, il contient paradoxalement le premier segmentde la saga : de nombreux événements mis en scène ici se déroulent en effet chronologiquement avant le premier épisode. On y suit parallèlement deux prises de pouvoir : celle de Don Vito Corleone (interprété cette fois-ci par Robert de Niro) et de Michael Corleone (Al Pacino). La tragédie mise en évidence ici par Francis Ford Coppola n'est certainement pas le mensonge de Michael devant la commission d'enquête mais son entreprise de destruction familiale pour conserver son pouvoir. Alors que Vito avait voué son existence à la création d'une famille trop tôt engloutie, Michael balaie d'un revers de main toute une histoire par égocentrisme. On ne le répètera jamais assez : Le Parrain 2 est une œuvre sublime. Tout est ici travaillé par une dimension presque religieuse. Les éclairages et drapés évoquent la peinture de la Renaissance. Avec Apocalypse Now, le long métrage le plus incroyable réalisé par Francis Ford Coppola.
Dans le même genre et du même réalisateur : Le Parrain, 1972 ; Le Parrain 3, 1990.
Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone
1933. Trois tueurs à gages pénètrent dans l'appartement de David Noodles et abattent son amie, après l'avoir sommé en vain de révéler où il se trouvait. Battu à mort et à deux doigts d'y rester, un ami indique qu'il se cache chez Chun Lao, dans un théâtre chinois. Noodles se trouve bel et bien dans une fumerie d'opium dans le quartier de Chinatown. Sur un journal, on lit que le FBI vient de prendre au piège et d'abattre trois gangsters. Il parvient bientôt à échapper à ses ravisseurs.
Conçu à la manière d'un puzzle, Il était une fois en Amérique contient neuf pièces distinctes mettant chacune en scène une période particulière de l'existence du gangster David Aronson, sur pas moins de 45 ans. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un film retraçant l'histoire de l'Amérique (seule la période de la prohibition est ici représentée). C'est plutôt le "Il était une fois" de l'enfance et de l'adolescence, là où l'on croit encore en la liberté, à l'amour et à la fidélité. Mais ce doux rêve se transforme bientôt, avec le passage à l'âge adulte, en un monde totalement vicié. On se rend alors compte que le but de Sergio Leone n'est non pas de se focaliser sur une ascension mais de mettre en évidence une vie ratée. D'une certaine manière, Il était une fois en Amérique est un film proustien qui vise à recréer, encore une fois par le biais de l'art, une époque perdue, corrompue par le temps. Les allusions au fameux A la recherche du temps perdu sont à ce titre très nombreuses, et ce même dans les dialogues. Mais l'évocation la plus évidente est celle du chef d'œuvre Fanny et Alexandre, d'Ingmar Bergman. Le début du film, avec le théâtre d'ombres chinoises renvoie de manière limpide à la fameuse lanterne magique. Attention toutefois, une différence de taille entre ces deux films et l'œuvre de Marcel Proust : ils glorifient l'enfance tandis que l'écrivain justifie quant à lui son propre travail et se fait le pourfendeur de la vocation littéraire. A noter que les fondus-enchainés dans Il était une fois en Amérique sont parmi les plus beaux de l'histoire du cinéma (cf. les mouettes). Un film "fantastique", d'une durée de près de 4 heures.
Scarface, de Brian de Palma
Miami, 1980. Suite à l'offre d'asile politique lancée par Jimmy Carter aux opposants du régime communiste de Fidel Castro, plusieurs centaines de bateaux arrivent de Cuba. A bord de l'un d'entre eux, Tony Montana, un jeune exilé qui n'est autre en réalité qu'un tueur à gage. Emerveillé par les promesses de réussite d'un pays où tout est permis, il est prêt à tout pour concrétiser ses ambitions, et ce même s'il faut en passer par le meurtre, le racket et le trafic de drogue.
Même s'il n'atteint pas la virtuosité du film original, Scarface reste une œuvre culte incontournable. Régi par une violence foudroyante, ce long métrage montre que l'ascension d'un caïd de la drogue, aussi fulgurante soit-elle, mène immanquablement au même résultat : un loup se fait toujours, un jour ou l'autre, manger par un autre loup. On retiendra la musique écrite par le compositeur Giorgio Moroder, qui contribue efficacement à installer le stress et qui finit même par consumer le spectateur. Quant à la prestation d'Al Pacino, elle donne lieu à un numéro de cabotinage dont on se souviendra longtemps.
NB. A noter que le film a fait l'objet de nombreuses critiques au moment de sa sortie, plus précisément concernant la violence de certains passages. Menacé de censure, Brian de Palma en vint presque à couper la séquence de la tronçonneuse.
Les Affranchis, de Martin Scorsese
Depuis son plus jeune âge, Henry Hill a toujours rêvé d'être un gangster. De sa jeunesse dans le quartier populaire de Brownsville, avec son père irlandais et sa mère sicilienne, à sa rencontre avec le parrain mutique Paul Cicero, ascension d'un mafieux de New-York.
Pour Martin Scorsese, le monde vicié des mafieux et autres truands débouche toujours sur la paranoïa. Au culte de l'argent succède le besoin de préserver son existence, et ce jusqu'à trahir les propres membres de sa bande. Les Affranchis est construit autour de quatre truands : Paul Cicero, le parrain paisible ; Jimmy Conway, le caractériel prêt à tout pour ne pas partager le magot avec les autres ; Henry, en quête d'une vie facile et Tommy le déséquilibré ingérable et insatiable. Avec sa narration accrocheuse, son rythme trépidant et sa bande originale singulière, Les Affranchis est une œuvre immanquable. Et côté acteurs, Ray Liotta, Robert de Niro et Joe Pesci sont impeccables.
Pulp Fiction, de Quentin Tarantino
Pumpkin et Honey Bunny forment un couple détonant : pour eux, l'amour va de pair avec la violence. Attablés dans un restaurant, tout sourire, ils semblent vivre l'idylle parfaite. Pourtant, ils s'apprêtent tous deux à effectuer un braquage à main armé d'une rare intensité. Peu de temps auparavant, Vincent Vega et Jules Winfield, deux tueurs à gage pour le compte de Marsellus Wallace, récupèrent dans un règlement de compte sanglant, une mallette mystérieuse.
En entremêlant trois histoires différentes et en brouillant la temporalité, le cinéaste Quentin Tarantino signe un film de gangsters tour à tour amusant et dérangeant. Si la violence est bien présente, celle-ci se voit néanmoins désamorcée par une dimension des plus burlesques. Chacun des personnages est à la fois féroce et emprunt d'une sensibilité très humaine. Le film trouve son originalité au niveau de la construction des séquences. Ainsi, lorsque les hommes de main Vincent et Jules se rendent dans un appartement pour y "abattre le courroux du tout puissant", les dialogues prennent une place prépondérante par rapport aux scènes d'action (à l'inverse du cinéma classique). Le réalisateur pousse même le vice en stoppant net les deux hommes devant la porte d'entrée de leur cible, pour les faire reculer et terminer leur conversation. Ce procédé avait déjà été utilisé dans Reservoir Dogs et sera par la suite la marque de fabrique du metteur en scène. Quant aux explosions de violence, elles sont aussi fugitives que brutales. Mention spéciale pour la bande originale, toujours aussi jubilatoire chez Tarantino.
Casino, de Martin Scorsese
Las Vegas, dans les années 1970 – 1980. Les plus grands casinos de la ville ne cessent de se développer et d'étendre leur pouvoir et leurs bénéfices. Dans cet univers, les magouilles sont monnaies courantes et une véritable mafia se déploie en coulisses. Sam "Ace" Rothstein et Nicky Santoro, deux truands et fins stratèges, cherchent à s'imposer. Mais bientôt, Ace tombe sous le charme d'une certaine Ginger McKenna. Quant à Nicky, il sombre petit à petit dans la spirale de la drogue et de la violence.
Casino peut se lire à la manière de la légende du roi Midas. Comme le roi Midas, tout ce que touche Ace se change en or. Engagé comme directeur dans un casino prestigieux, il voit tout, entend tout, comprend tout. Un match de tennis, un combat de boxe ? Il sait déjà qui va remporter la victoire. Lorsqu'il aperçoit pour la première fois Ginger sur l'un des écrans de contrôle du casino, il sait déjà qu'elle va contribuer à sa chute. Comme le roi Midas, Ace va finir seul et abandonné. Si Martin Scorsese ne s'est pas volontairement inspiré de la malédiction du roi Midas, son long métrage en porte néanmoins les caractéristiques essentielles. Sharon Stone trouve là l'un de ses plus grands rôles. Chef d'oeuvre.
Dans le même genre et du même réalisateur : Les Infiltrés, 2006
Ghost Dog, la voie du Samouraï, de Jim Jarmusch
Un pigeon vole au-dessus de la ville. Depuis le toit d'un immeuble abandonné où il élève consciencieusement ses pigeons voyageurs, Ghost Dog lit L'Hagakuré (le livre secret des Samouraïs, XVIIIème siècle). "La voie du samouraï se trouve dans la mort. Il faut méditer chaque jour sur la mort inévitable.", entend-t-on en voix off. Posés sur une table : des livres, une bougie, des armes à feu, des armes blanches, des gadgets. En réalité, Ghost Dog est tueur à gage. Bientôt, il s'élance dans la nuit noire pour abattre sa prochaine cible.
Sous son apparence simple, Ghost Dog cache une oeuvre forte et très littéraire (comme souvent chez Jim Jarmusch). Le réseau de relations entre les différents personnages est assez complexe. Véritable samouraï dans l'âme, Ghost Dog a choisi de sacrifier sa vie pour permettre à Louise et à Louis de trouver leur chemin dans l'existence. A son meilleur ami Raymond, le marchand de glaces, il ne pourra léguer que son costume. Quant à Pearline, qui transporte tout le temps des livres dans son sac à dos, il lui transmet L'Hagakuré, sans doute un moyen pour elle d'échapper à sa destinée de ménagère. Si par moment, le rire n'est pas loin, la tragédie reste prépondérante. Avec ce film, Forest Withaker campe sans doute son meilleur rôle.
La Nuit nous appartient, de James Gray
A New-York, à la fin des années 1980, Bobby Green est le jeune directeur d'une boite de nuit disco, propriété d'un américain d'origine russe nommé Marat Buzhayev. Avec la croissance récente du trafic de drogue, la mafia russe est bien décidée à assurer sa suprématie sur le monde de la nuit. Afin de poursuivre sa progression vers les sommets, Bobby cache sa véritable identité à son patron. Seule sa petite amie Amanda est au courant du subterfuge : son frère Joseph et son père Burt sont tous d'eux d'importants officiers de la police new-yorkaise.
La Nuit nous appartient décrit avant tout les parcours opposés de deux frères. D'un côté, Bobby a opté pour la facilité offerte par le monde de la nuit. De l'autre, Joseph a préféré la voie de la responsabilité dans le cadre de la police. Depuis l'église, au-dessus de la fête des policiers, au début du film, Bobby et Joseph ont un échange lourd de symbole. À la manière de Francis Ford Coppola (cf. Le Parrain), le metteur en scène James Gray utilise ainsi un décor religieux pour donner une portée légendaire à un règlement de compte ordinaire. Pour conjurer l'échec public de son précédent film The Yards, le cinéaste signe un film formellement brillant et rythmé. Sans doute aurait-il été préférable d'axer davantage le récit sur Joseph pour rendre la tragédie encore plus prégnante. Mais quoiqu'il en soit, La Nuit nous appartient est une œuvre majeure.
Mais aussi…
- L'Ennemi public, de William Wellman, 1931
- Le Docteur Mabuse, de Fritz Lang, 1922
- Le Testament du Docteur Mabuse, 1933
- L'Ange Ivre, d'Akira Kurosawa, 1948
- Quand la ville dort, de John Huston, 1950
- Armored Car Robbery, de Richard Fleischer, 1950
- Les Forbans de la Nuit, de Jules Dassin, 1950
- Touchez pas au Grisbi, de Jean Becker, 1954
- Le Doulos, de Jean-Pierre Melville, 1962
- Le Deuxième Souffle, de Jean-Pierre Melville, 1966
- Bonnie & Clyde, d'Arthur Penn, 1967
- Le Roi de New York, d'Abel Ferrara, 1989
- Il était une fois dans le Bronx, de Robert de Niro, 1993
- L'Impasse, de Brian de Palma, 1993
- Sonatine, de Takeshi Kitano, 1993
- Donnie Brasco, de Mike Newell, 1997
- Ocean's Eleven, de Steven Soderbergh, 2001
- Sin Nombre, de Cary Fukunaga, 2009