Le marlin dans notre histoire et notre culture
Histoire du marlin
C'est avant tout un poisson qui invite au rêve, aucun pêcheur n'y est insensible, que ce soit un pêcheur de truite ou pêcheur habitué à la pêche des grands poissons de mer. C'est bien sûr Ernest Hemingway qui exposa la force de ce valeureux combattant dans la lutte qu'il livrera au pêcheur dans
"Le vieil homme et la mer"
De fait, même les pêcheurs professionnels recherchent ce poisson à la ligne, car c'est un solitaire, et la pêche au filet n'est donc pas rentable. On ne peut pas encercler un banc, comme on le fait, par exemple, avec le thon rouge. Par conséquent, même si les lignes des professionnels imposent une certaine pression de pêche (15 000 tonnes par an dans le Pacifique), le marlin n'est pas menacé.
Légendes et faits
Le marlin bleu a toujours été considéré comme un poisson à la nage fulgurante, mais les dernières études ont confirmé les sensations des pêcheurs. Plusieurs scientifiques ont estimé que le marlin bleu pouvait développer une vitesse de nage de 110 à 120 km/h. il nage donc plus vite que ces cousins les thons (90 km/h) et plus vite que le plus rapide des dauphins (70 km/h).
Le marlin dans notre assiette
C'est un poisson excellent, à la chair ferme et semi-grasse, qui peut se consommer crû ou être décliné dans une multitude de recettes. Quand on voit la quantité de chair disponible dans un seul marlin, on comprend qu'il ne doit sa survie qu'à son comportement solitaire et à la difficulté de le capturer.
Etymologie
Le mot marlin vient de l'anglais marlinspike, un outil utilisé notamment par les navigateurs pour desserrer les noeuds de cordage et dont la forme rappelle le rostre du poisson.
Notons que si le rostre des marlins est à la source de leur nom commun, il est aussi à la source du nom scientifique, Makaira dérivant du grec puis du latin pour désigner une épée. De plus, pour le marlin noir, Makaira indica, le nom d'espèce dérive du verbe latin signifiant "pointer". Le rostre de l'espadon a également conditionné le nom scientifique. L'espadon se nomme Xiphias gladius, Xiphias provenant du grec (en forme d'épée) et gladius du latin (épée).
Les homonymes
Le marlin bleu, le marlin noir, le marlin blanc et le marlin rayé peuvent tous être dénommés simplement "marlin". Pour éviter toute confusion, il faut se référer au nom commun complet ou bien utiliser le nom scientifique.
Où rencontrer des marlins ?
On rencontre le marlin bleu dans toutes les eaux tropicales et subtropicales de la planète. Cependant, le marlin bleu de l'Atlantique est légèrement différent du marlin bleu de l'Indo-Pacifique (la ligne latérale est dissemblable) ce qui fait que certains auteurs proposent une scission en deux espèces, Makaira nigricans et Makaira mazara. Cette discussion très technique ne dépend en fait que de la définition du concept d'espèce, et il est tout à fait acceptable de considérer qu'il n'y a qu'une seule espèce, Makaira nigricans, à répartition pantropicale.
Le marlin bleu se trouve au large, excepté aux abords des îles dont le fond tombe brusquement. On peut, par exemple, ferrer un marlin bleu quelques minutes après être sorti d'un port de l'île de la Réunion. Mais le plus souvent, il faudra aller très aux large, sortir des eaux turbides, et traîner la ligne dans ce qu'on appelle "les eaux bleues".
La Pêche du marlin
Le pêcheur peut capturer le marlin bleu dans toutes les eaux de la planète, mais c'est surtout la disponibilité des centres de pêche et de l'équipement adéquat qui conditionne la capture. Sans matériel, impossible de sortir ce poisson-trophée, cette pêche ne peut pas s'improviser. Dans l'Atlantique, l'archipel des Açores et les côtes du Brésil ont vu de nombreux records, dont le record du marlin bleu de l'Atlantique pour ces dernières, avec 1402 lbs. Dans le Pacifique, Hawaii est un haut lieu de la pêche, notamment en raison de la qualité des centres de pêche, mais les côtes d'Amérique du Sud sont excellentes également. C'est à Hawaii que le plus grand marlin bleu du Pacifique a été capturé, soit 1805 lbs (près de 820 kg). Et dans l'océan indien, le pêcheur pourra sans mal satisfaire sa passion autour de l'île de la Réunion, où de gigantesques marlins ont été pris. Les plus gros marlins sont bien sûr ceux qui ont été loupés, la plupart du temps en cassant le matériel. De nombreux témoignages crédibles attestent de marlins ferrés dont le poids semblait largement au-dessus de la tonne. En attendant qu'un tel spécimen soit ramené, nous en resterons aux poissons effectivement pesés.
On le pêche en traîne rapide et c'est un vrai travail d'équipe. Il est presque impossible de sortir un très gros marlin à la seule force des poignets, il faut un bateau, un équipage, un pilote expérimenté, et un matériel irréprochable.
On utilise un moulinet à tambour tournant à très grande capacité, et l'usage d'un siège de combat est préférable, même si certains pêcheurs poussent l'aspect sportif en combattant le marlin debout. Néanmoins, le bateau et le pilote font une bonne partie du travail, en se dirigeant vers le poisson pendant que le pêcheur mouline. Sans cela, un gros marlin en bonne santé viderait l'intégralité du fil du moulinet.
Les leurres les plus utilisés sont des gros ustensiles appelés leurres à jupes ou tout simplement leurres à marlin. De plus en plus de pêcheurs sportifs, soucieux de respecter le poisson et de préserver la ressource, ne gaffent plus les marlins pour la traditionnelle photo-trophée. Au contraire, ils le laissent le long du bateau, le taguent à l'aide d'une lance (une marque qui permettra un suivi par la méthode capture-recapture), et le rendent à son élément.
Article réalisé par Baptiste Verdoux.