D’où viennent-ils ?
La plupart des singes connus sont des espèces d'Afrique (ex : babouins, gorille, chimpanzé) ou asiatiques (macaques, orang-outan, gibbons). Mais en Amérique du Sud, on trouve des singes totalement différents de leurs cousins de l'ancien monde. Comment est-ce possible ? Beaucoup d'espèces animales ont voyagé de l'Asie au continent américain durant les glaciations, quand le détroit de Béring était à sec, suite à la baisse du niveau des océans. Mais ça ne colle pas pour les singes du nouveau monde puisqu'on les trouve en Amérique du Sud alors qu'ils sont totalement absents en Amérique du Nord. On pense à une toute autre hypothèse : des singes africains sont probablement arrivés en Amérique du Sud sur des épaves flottantes, par exemple des troncs, voici 40 millions d'années, lorsque la distance entre les côtes sud-américaines et africaines était moindre.L'évolution a fait le reste et a créé la biodiversité actuelle des primates sud-américains à partir des premiers arrivants. Notons que l'essentiel de la richesse spécifique provient de la forêt amazonienne.
La classification actuelle reflète cette scission entre ancien monde et nouveau monde. Les primates simiiformes (les singes), sont séparés en deux groupes : les catharrini pour les singes de l'ancien monde et les platyrrhini pour les singes du nouveau monde. Ces derniers sont séparés en 5 familles, regroupant des animaux dont vous avez sûrement déjà entendu les noms communs :
Famille des Callitrichidae: comme les ouistitis (marmousets) et les tamarins
Famille des Cebidae: capucins, sapajous
Famille des Aotidae: douroucoulis
Famille des Pitheciidae: titis, sakis et ouakaris
Famille des Atelidae: notamment les célèbres singes hurleurs et les singes-araignée
Comment les reconnait-on ?
Les singes du nouveau monde sont une merveilleuse illustration de la quantité de changements évolutifs qui peuvent s'accumuler en 40 millions d'années de séparation. Ils sont très différents de leurs cousins de l'ancien monde. Parmi les caractéristiques à ne pas louper et faciles à retenir, on notera que leur pouce est moins opposable, qu'ils ont trois prémolaires contre 2 pour les singes de l'ancien monde, et qu'ils sont tous arboricoles, avec une longue queue. Enfin, on n'oubliera pas la caractéristique qui leur a donné leur nom : ils ont une face plate, suite au faible développement du museau. Platyrrhini veut dire "nez plat". Mais pour plus de précisions, nous allons donner les caractéristiques de quelques platyrrhini à connaître.Ce sont des minuscules singes, souvent aux couleurs vives et au pelage un brin extravagant. Leur réputation a traversé l'océan Atlantique et beaucoup de ces petits singes, par ailleurs utilisés dans les spectacles, sont connus en Europe. C'est notamment le cas des ouistitis, aussi appelés marmousets, mais aussi des tamarins.
Le pelage montre des crinières curieuses, formant une crête chez certaines espèces ou des toupets de toute sorte.
On remarquera aussi leurs doigts griffus, au contraire des ongles plats de la plupart des primates.
Avec une taille d'une vingtaine de centimètres, mais une agilité exceptionnelle, ces petits animaux se sont spécialisés dans la capture des insectes qui vivent dans les arbres. Ils mangent également des fruits, voire à l'occasion, des petits vertébrés.
Ce sont des singes très spécialisés et particulièrement évolués. Attention, par ailleurs, à l'utilisation de ce terme. "Evolués" ne veut pas dire qu'ils sont plus intelligents, cela signifie qu'ils sont davantage transformés par rapport à l'état ancestral. Par exemple, le nanisme de ces singes est l'état évolué.
Notons d'ailleurs que le plus petit singe du monde, le ouistiti pygmée, a un corps d'une quinzaine de centimètres pour un poids de 150 grammes.
Pour finir, précisons que ces petits singes se distinguent de leurs cousins en mettant au monde systématiquement des jumeaux à chacune des portées.
Ce sont essentiellement les capucins et sapajous, des animaux appartenant au genre Cebus, mais également des Saïmiris (les espèces du genre Saimiri).
Également appelés singes malins, ce sont les singes touche-à-tout de l'Amérique du Sud. Plus gros que les ouistitis, ce sont des omnivores et de vrais opportunistes. Ils vous observent dans la forêt, et ils vous voient bien avant que vous les aperceviez. Mais si vous restez immobile, ils viendront vers vous.
Je me souviens d'une journée en forêt amazonienne brésilienne, où j'entendais en permanence les feuillages bouger, sans jamais voir les responsables. Je suis resté immobile pendant une dizaine de minutes, pour voir un groupe entier de capucins venir me regarder de plus près, pratiquement sans peur. Moins extravagants dans leur apparence que les ouistitis et tamarins, ces animaux n'en restent pas moins merveilleusement adaptés à la vie dans la forêt.
Les autres singes du nouveau monde à connaître
On notera l'existence des douroucoulis (famille monogénérique des Aotidés), les seuls singes exclusivement nocturnes. On les appelle aussi singes-hibou. Outre leurs yeux plus grands, ils se distinguent également des autres singes du nouveau monde par leurs oreilles réduites, et l'incroyable gamme de sons et cris qu'ils utilisent pour communiquer.A ce sujet, n'oublions pas les singes hurleurs (famille des Atélidés, genre Alouatta), qui sont à coup sûr la marque sonore de la forêt amazonienne. Lorsque vous êtes en jungle, il est fréquent d'entendre soudainement des cris terribles, qui donnent l'impression que des dizaines de singes sont entrés en guerre. En fait, il s'agit simplement de deux individus qui vocalisent, de façon incroyablement bruyante. Les Atélidés sont les plus gros des singes du nouveau monde, avec un corps pouvant atteindre 70 centimètres, et une queue extrêmement préhensile et adroite. Dans cette famille, on trouve aussi les singes-araignée (genre Ateles), reconnaissables à leurs membres et leur queue gigantesques, ainsi que leur habilité dans les arbres.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.